SEPT ANS DE RÉFLEXION

Article publié dans la Lettre n°488 du 16 octobre 2019


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SEPT ANS DE RÉFLEXION de George Axelrod. Adaptation Gérald Sibleyras. Mise en scène Stéphane Hillel. Avec Guillaume de Tonquédec, Alice Dufour, Jacques Fontanel, Agathe Dronne, François Bureloup, Clément Koch.
Le premier choc est celui d’un lourd tomatier qui, depuis le balcon supérieur, vient choir sur le fauteuil où Richard Sherman, éditeur de livres en version poche, s’apprêtait à s’asseoir. Le deuxième choc est l’apparition de la coupable de la chute, une jeune femme à la beauté étourdissante qui se confond en excuses. C’est l’été. Richard est resté seul à New-York pour travailler. La chaleur a pressé son épouse Hélène et leur fils à passer les vacances au bord de la mer où elle retrouve par hasard Tom MacKenzie, un ami du couple.
L’intrusion dans son existence de la jeune femme bouscule les certitudes de Richard. Leurs sept années de mariage n’ont pas entamé l’amour qu’il porte à une épouse qu’il n’a jamais trompée. Mais un dîner, une coupe de champagne et des conversations à bâtons rompus le troublent au point d’interroger, sans en avoir l’air, le psychanalyste dont il est en train de relire un tapuscrit. Pas dupe, le docteur Baker lui soumet quelques éléments de réflexion. De même, Aristote et sa maxime « le désir engendre l’action », hantent les rêves fous du quadragénaire. La fraîcheur de la jeune femme de vingt-cinq ans le titille. Il est partagé entre son éducation puritaine et une folie qui ne se représentera sans doute pas …
Cette première pièce de George Axelrod, créée en 1952 à Broadway, reste trois ans à l’affiche en dépit d’un thème sulfureux que ses compatriotes ne sont pas prêts à cautionner. La tentation de l’aventure extra-conjugale qu’il développe, empreinte d’une réflexion sur l’amour conjugal, l’érosion du temps et de l’âge, est loin de faire l’unanimité dans une société aux conventions et aux codes de la bienséance encore stricts.
Guillaume de Tonquédec interprète par petites touches les différents sentiments qui animent Richard, son personnage, partagé entre le désir et la culpabilité, se cherchant des raisons pour apaiser sa conscience. Alice Dufour se débarrasse avec talent de l’image mythique de Marilyn dans sa robe blanche virevoltante que l’on garde du film acidulé de Billy Wilder. Elle apporte le physique et le caractère qui siéent à cette jeune femme d’une autre génération, celle de l’indépendance et de l’inappétence au mariage revendiquées dans la pièce. Jacques Fontanel, spirituel Docteur Baker, Agathe Dronne, Hélène au caractère bien trempée, François Bureloup, facétieux Aristote et Clément Koch, l’ami « dérangeant », sont également excellents.
Le décor, avec son escalier condamné, et les costumes des années 50, apportent la touche idéale à cette représentation qui offre un bien joli moment. M-P.P. Théâtre des Bouffes Parisiens 2e.


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