RUY BLAS, OU LA FOLIE DES MOUTONS NOIRS

Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre389
du 7 décembre 2015


RUY BLAS, OU LA FOLIE DES MOUTONS NOIRS d’après Victor Hugo. Mise en scène Axel Drhey avec Julien Jacob ou Axel Drhey, Mathieu Alexandre, Paola Secret, Roland Bruit, Bertrand Saunier, et les musiciens Camille Demoures, Jonathan Jolin ou Nicolas Naudet, Dario Mandracchia ou Grégoire Letouvet.
Le valet Ruy Blas, manipulé par le perfide et tyrannique Don Salluste, devient, à son amour défendant, le fauteur de déroute de sa reine bien aimée et l’artisan de la vengeance de ce maître pétri de haine. Mais les manœuvres machiavéliques tournent au désastre. Les fantoches échappent à leur instigateur, et aucun n’est là où le comploteur en avait décidé.
Bien sûr, la mort vient prendre son tribut, mais le délire emporte tout.
Dans une mise en scène « en creux », lieux annexes et personnages s’entre-aperçoivent entre les praticables, et les jambes de la Reine dans l’armature de ses paniers. Les Grands vocifèrent du haut de leurs balcons derrière les masques sardoniques de leur arrogance. Le Roi, coiffé d’une délectable et rutilante casquette, assène ses ordres et se vante de ses chasses en rap, Don César voltige, Ruy Blas se meurt d’amour. Le socle central se fait statue ou trône royal ou encore noria des bannis, lit où on s’assomme à tout va, tandis que le perroquet déploie ses ailes de géant messager d’amour. Le ballet des comédiens est réglé au petit et grand poil, emmené dans sa course par les rythmes sans pitié des trois musiciens et leurs piano guitare clarinette. Là où la tragédie se laissait aller aux grandes tirades d’époque, les trois chanteurs en font des didascalies savoureuses.
La truculence au service de la démesure du drame hugolien, vaste défi que les Moutons Noirs relèvent avec le brio de la Commedia dell’Arte. Ils parviennent pour la plus grande joie de tous, la nôtre et la leur, à entrelacer sans hiatus la langue poétique des aveux de Ruy Blas et de la Reine avec la souplesse déjantée que la « Folie des Grandeurs » de Gérard Oury avait créée à partir de la tragédie de Victor Hugo.
Nulle retenue à cet enthousiasme irrésistible, l’imagination se débride, l’insolence prend le pouvoir avec les armes du burlesque, et Victor Hugo éclate à coup sûr d’un rire tonitruant.
Bon appétit, Messieurs les spectateurs heureux d’une telle jouvence ! A.D. Théâtre 13 / Seine 13e.


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