RÉSISTER C’EST EXISTER

Article publié dans la Lettre n° 409
du 4 janvier 2017


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RÉSISTER C’EST EXISTER. Spectacle d’Alain Guyard sur une idée originale de François Bourcier. Mise en scène et scénographie Isabelle Starkier avec François Bourcier et les voix d’Eva Darlan, Evelyne Buyle, Daniel Mesguich, Yves Lecoq et Stéphane Freiss.
Le regard devient immédiatement captif. Suspendus à des chaînes tombant des cintres et dispersés sur la scène, des porte-manteaux supportent des vêtements. Ce sont les défroques des petites gens qui durant la guerre se dressèrent contre l’ennemi : l’occupant et ses complices. Il ne s’agit pas là de ceux connus dont on célèbre chaque année la mémoire mais des petits, des sans grades, « des justes » qui, pour sauver un camarade ou un juif parmi des millions, ont résisté, se sont sacrifiés et resteront à jamais anonymes. Ce sont ces républicains espagnols arrivés en France et entrés aussitôt dans la clandestinité ou ces émigrés roumains passeurs de missives. C’est cet enfant qui, bravant l’interdit, cueille trois fleurs des champs et les entourent de rubans aux couleurs de la France avant de les déposer au pied du monument aux morts. C’est ce gendarme qui rencontre un enfant juif à la recherche de sa mère mais se garde bien de l’emmener au poste. Ce sont aussi les maquisards qui, arrêtés et torturés, ne parleront pas. Les gestes gratuits contre l’ennemi se succèdent aussi, celui de l’homme armé sur le quai du métro prenant pour cible un jeune soldat allemand ou celui de cette femme de ménage œuvrant dans une caserne occupée qui jette au lieu de les poster les lettres confiées par un lieutenant étonné de ne jamais recevoir de réponse.
Retirant un à un les vêtements des porte-manteaux pour s’en parer, François Bourcier campe à lui seul tous les personnages, hommes, femmes, adolescents, morts pour avoir résisté, dans le seul but de garder la tête haute. Nous suivons, saisis, le va et vient du comédien aux quarante visages, secondé par les voix off, ses pas scandés par les notes de la 9ème symphonie de Beethoven, sa silhouette éclairée par les lumières du projectionniste (une performance). Le chant des partisans, créé à Londres, clôt pédagogiquement ce seul en scène poignant, particulièrement bien étudié pour les scolaires, des discussions étant proposées à l’issue de la représentation. M-P P. Studio Hébertot 17e.


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