POURVU QU’IL SOIT HEUREUX

Article publié dans la Lettre n° 463
du 3 octobre 2018


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POURVU QU’IL SOIT HEUREUX de Laurent Ruquier. Mise en scène Steve Suissa avec Francis Huster, Fanny Cottençon, Louis le Barazer.
D’aucuns assurent qu’ils ne sont ni racistes ni homophobes jusqu’au jour où la question les touche de près. C’est ce qui arrive à Maxime et Claudine, un beau matin, en vacances à Concarneau. Descendu acheter les journaux au kiosque, Maxime revient hors de lui, les bras chargés de tous les exemplaires du magazine Voici dont il vient de faire la razzia. La couverture qui a retenu son attention montre une photo de Camille, son fils unique, et d’un homme mûr, accompagnée d’une légende qui rejette toute équivoque. Deux scènes identiques se succèdent alors. Elles décrivent l’une après l’autre le point de vue d’un père puis celui d’une mère sous le choc.
Les parents débattent. Tous les lieux communs défilent pour tenter de comprendre pourquoi leur fils unique a choisi les hommes plutôt que les femmes. Reproches réciproques, complexe de culpabilité, regard des voisins et des confrères, fantôme du sida, Gay Pride, mariage pour tous et procréation, sont autant de sujets abordés jusqu’au moment où prévaut la nécessité de joindre Camille. La rencontre a lieu. Malgré les tentatives d’apaisement de Claudine qui, elle, s’en tient à « pourvu qu’il soit heureux », Maxime ne parvient pas à se contrôler face aux explications de son fils. Le ton et les paroles dépassent sa pensée. L’idée d’entrevoir ce que les conséquences de ces révélations peuvent provoquer chez l’amant de son fils ne le traverse même pas. Il faudra le choc d’un drame pour qu’il rejette alors tous les a priori, et que l’amour qu’il lui voue dépasse ses préjugés.
Laurent Ruquier aborde avec un humour corrosif et bien à propos un fait de société aux conséquences qui interpellent dans un XXIe siècle où l’acceptation d’un concitoyen différent est loin d’être passée dans les mœurs. Les comédiens jouent des personnages que l’on sent authentiques. Fanny Cotençon est parfaite, mère qui oscille entre l’amour qu’elle porte à son fils et une réalité qu’elle décide d’accepter. Francis Huster, très convaincant, est particulièrement émouvant dans son monologue final, une réflexion profonde qui aurait dû venir plus tôt à l’esprit de son personnage. Louis Le Barazer, excellent, est ce fils qui a assumé son choix et tente de le faire comprendre. 
L’humour n’est pas ici la politesse du désespoir mais l’expression d’un profond sentiment d’amertume. M-P.P. Théâtre Antoine 10e.


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