LE POISSON BELGE

Article publié dans la Lettre n° 388
du 16 novembre 2015


LE POISSON BELGE de Léonore Confino. Mise en scène Catherine Schaub avec Marc Lavoine, Géraldine Martineau.
Assis sur un banc, un adulte et une enfant. Grande monsieur porte des boucles d’oreille, Petit fille tient un gros cartable dans ses bras. C’est vendredi et comme d’habitude ses parents sont en retard. Très en colère, elle ne les a pas attendus et pense qu’ils doivent la chercher angoissés. Petit fille a faim mais Grande monsieur est peu abordable. Il finit tout de même par accéder à sa requête, il l’invite chez lui mais la prévient : « Contente-toi de prendre une place relative à ta taille ». Petit fille porte un regard critique sur l’appartement de Grande monsieur mais la salle de bains high tech la conquiert. Après les supplications et les serments d’usage, elle plonge dans la baignoire, semblable au poisson qu’elle voudrait être. Grande monsieur explore alors le cartable pour trouver les coordonnées des parents afin de les rassurer, mais seul le répondeur l’invite à laisser un message. Claude, le prénom de Petit fille, l’interpelle. C’est drôle, ils portent le même. Le lendemain, les journaux relatent la mort des parents de Petit fille dans un accident de voiture. Elle fond en larmes. Un complexe de culpabilité l’étreint et faire le deuil de ses parents lui paraît insurmontable.
Une curieuse cohabitation s’instaure entre Grande monsieur et Petit fille. Il est question de crises d’asthme, de branchies qui se déploient sur le côté du corps de Petit fille, de couleuvres tapies dans le ventre de Grande monsieur, de parents psychanalystes trop bavards, d’une maman qui refuse que son fils lui vole ses vêtements pour les porter, d’un fils inconnu parti vivre en Amérique, d’un poisson rouge nécessaire pour accomplir un rite japonais réputé imparable …
Cette pièce très poétique, drôle et émouvante évoque le problème de la différence que l’on tente d’étouffer et les traumatismes qu’il provoque. La direction d’acteurs est subtile. Magnifiques, Marc Lavoine et Géraldine Martineau expriment intensément le vécu de Grande monsieur et de Petit fille, deux personnages en osmose qui ne font qu’un. Un conte fantastique dans tous les sens du terme. La Pépinière théâtre 2e.


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