PHONE TAG,
VOUS AVEZ UN NOUVEAU MESSAGE

Article publié dans la Lettre n° 390
du 21 décembre 2015


PHONE TAG, VOUS AVEZ UN NOUVEAU MESSAGE d’Israël Horovitz. Mise en scène Adrienne Ollé avec en alternance Pierre-Edouard Bellanca, Laura Chetrit, Pierre Khorsand, Léa Marie-Saint Germain, Aurélien Gouas.
On devrait se garder de faire une surprise à l’objet de son cœur sans prévenir à l’avance… Beau paradoxe aussi farfelu que cette intrigue proprement inénarrable. Sans le savoir, les deux amoureux se croisent au milieu de l’océan que chacun a décidé de franchir à la rencontre de l’autre. Satanés téléphones et répondeurs qui entretiennent l’artifice de la proximité ! Fiasco donc sur toute la ligne pour un week-end si prometteur. Chien et chat casés, amis serviables, horaires parfaits. Eh oui, mais le hasard s’en mêle, les chassés-croisés s’emmêlent et l’entourage se déjante à qui mieux mieux !
A une conjugaison pour le moins complexe de rôles téléphoniques répond le délire non moins avéré d’une troupe qui entreprend de mettre en scène ces entrechats et de donner corps multiples à des voix, sous la férule d’un répondeur qui les tyrannise hors de propos. Le pari est d’autant plus fou que les aléas amoureux apparaissent bien vite débordés par les récits parasites et les chansons qui les scandent, dans lesquels se lancent les cinq acteurs de la comédie, tancés et rappelés à l’ordre, au désordre plutôt, par l’exaspérant répondeur. Ça bougonne, ça râle, ça obéit à contre-cœur, on se demande bien pourquoi ! Seul fil rouge tangible, les aveux de plus en plus pressants et précis de Donald à Christy. Happy end pluriel, réconciliations et mariage, ouf ! Ils, elles, nous, tout le monde reprend enfin souffle !
Dans une mise en scène virevoltante et hilarante, c’est le règne du carton, téléphones, lieux matérialisés par de grands cubes modulables censés fixer les espaces, réels ou filmés, au milieu desquels personnages et acteurs se superposent et s’interchangent. Qui est qui, homme, femme, jeune, vieux, famille, amis ? On renonce très vite à toute identification. La vieille dame échappe à l’accident et un improbable Indien traverse la scène, on pleure le chat, les terrasses réservent bien des surprises, les couples se défont et se refont, tandis que les perruques coiffent les têtes au petit bonheur la chance. Guitares variées passent de mains en doigts agiles et répondent au mélodica, et les voix s’entrelacent harmonieusement. Que le théâtre est jubilatoire quand l’à-peu-près apparent se concerte avec autant de fougue et de précision ! Chapeau bas, les artistes ! A.D. Théâtre des Béliers Parisiens 18e.


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