PERTHUS

Article publié dans la Lettre n° 287


PERTHUS de Jean-Marie Besset. Mise en scène Gilbert Désveaux avec Alain Marcel, Jean-Paul Muel, Robin Causse, Jonathan Drillet.
Dans une petite ville de province, aux pieds des Pyrénées, deux lycéens se nouent d’amitié. Paul est passionné de littérature, il aime La Princesse de Clèves et les garçons. Jean-Louis est un matheux. Paul est réservé et besogneux. Jean-Louis est brillant, il attire tous les regards. Ces deux-là s’attirent comme des aimants, ils deviennent inséparables. Les mères de Jean-Louis et de Paul ne sont pas du même monde mais elles se parlent, s’étudient, se jaugent. Leur vie est entièrement axée sur leur fils. Marianne, la mère de Jean-Louis s’inquiète de cette amitié trop vive. Les mamans savent viscéralement quand leur petit est en danger. Elles savent qu’elles ne peuvent compter que sur elles car leurs maris sont souvent absents. Femmes trompées, femmes abandonnées, femmes déçues, Irène et Marianne sont devenues amies puisque leurs fils le sont. Elles sont l’une et l’autre attentives et clairvoyantes. Paul et Jean-Louis jouent au chat et à la souris. Le premier doit jouer des coudes pour garder sa place auprès de son charismatique ami. Les rivales de Paul sont ses anciennes amies, mais surtout Marianne.
La dernière pièce de Jean-Marie Besset est en familiarité avec son œuvre. On perçoit que Jean-Louis ira plus tard dans une « Grande école » et que lui et Paul pourront jouer « les Grecs » « Rue de Babylone ». Les mères sont jouées par Alain Marcel et Jean-Paul Muel. Faire jouer des hommes ne s’imposa que pendant les lectures. Irène et Marianne sont des mères fortes, attentives, entières. Elles suppléent à l’absence du père. Les deux comédiens sont justes, impeccables en petites bourgeoises de province. Il n’y a là aucune caricature mais beaucoup d’amour et d’attention. Robin Causse (Jean-Louis) et Jonathan Drillet (Paul) sont deux noms à retenir. La mise en scène de Gilbert Désveaux souligne le titre de la pièce, Perthus, ce col qui relie l’Espagne et la France, le passage difficile de l’adolescence à l’âge adulte. Sur scène des grandes chaises, comme celles que nous avions à l’école. Les jeunes gens sont si frêles assis sur ces chaises de géants qui, grâce à des estrades, peuvent être à la bonne hauteur pour les mères-pères. C’est simple, intelligent, drôle et poignant. Un grand Besset. Théâtre du Rond Point 8e.


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