OSCAR ET LA DAME ROSE

Article publié dans la Lettre n° 212


OSCAR ET LA DAME ROSE d’Eric-Emmanuel Schmitt. Mise en scène Christophe Lidon, décor Claude Lemaire, Lumières Marie-Hélène Pinon avec Danielle Darrieux.
A l’hôpital, Oscar est un petit garçon à la fois triste et révolté. Atteint de leucémie, l’opération de la dernière chance a échoué. Derrière la porte, il a écouté le chirurgien avouer son impuissance à ses parents, venus en cachette entendre l’insoutenable condamnation. La mort, Oscar ne l’imagine pas bien. Il la voit, suggérée dans les films à la télévision, c’est tout. Quant à ses parents qui ne parviennent pas à le soutenir moralement, il déteste leur regard de pitié, les jouets débiles qu’ils lui apportent et surtout leur silence...Il a bien des copains, Peggy Blue surtout, ainsi surnommée à cause de sa maladie. Quelques jours de tendresse et ils seront séparés pour toujours car Peggy Blue, redevenue rose après une opération réussie, va quitter l’hôpital. Heureusement maman Rose entre dans la vie d’Oscar en la personne d’une dame d’un certain âge qui, à sa grande surprise, lui raconte sa vie de...catcheuse! Elle n’a pas froid aux yeux maman Rose avec son franc-parler, sa générosité, son entrain, sa gouaille mais aussi et surtout sa profonde humanité. Elle va lui parler de Dieu et pour comble, l’inciter à lui écrire. Mais est-ce qu’on écrit à Dieu? Le garçonnet pourtant, prend son stylo et écrit à Dieu. Maman Rose a des trésors d’imagination. Sa dernière astuce va permettre à l’enfant rebelle de regarder la vie sous un autre angle et d’en envisager la durée, aussi courte soit-elle, serein et apaisé.
Cet éblouissant récit est, selon Eric-Emmanuel Schmitt lui-même, le plus autobiographique de ses textes. Véritable hymne à la vie, on y retrouve tout ce qui fait l’immense talent de l’auteur, toute une philosophie de la vie, une profonde connaissance de l’âme, un sens exceptionnel de l’amour absolu et un optimiste phénoménal.
Qui mieux que Danielle Darrieux pouvait incarner le personnage écrasant du récit, à la fois Oscar et Dame Rose, racontant pétillante de malice, gaie et terriblement émouvante, les derniers moments d’un enfant? Elle évolue sur scène, mobile et enjouée, captive, par l’excellence de l’inflexion de sa voix et de sa diction, un auditoire ébaubi et ébahi d’émotion par la performance de cette grande dame sur qui le temps ne semble pas avoir de prise. La mise en scène délicate, la scénographie subtile, habillée de jeux de lumière et de projections, concourent à faire de ce spectacle un moment unique, inoubliable. Comédie des Champs-Elysées 8e (01.53.23.99.19).


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