NUMERO COMPLEMENTAIRE

Article publié dans la Lettre n° 250


NUMERO COMPLEMENTAIRE de Jean-Marie Chevret. Mise en scène Alain Sachs avec Francis Perrin, Isabelle de Botton, Anne-Sophie Guermanaz, Stéphane Bern, Cyril Guei.
Bernard, chef de chantier, et Bernadette, caissière dans une grande surface, n’en croient ni leurs yeux ni leurs oreilles. Ils ont gagné le gros lot. Grâce à la date anniversaire de mémé Odette, ils vont pouvoir s’offrir leurs rêves les plus fous: une soirée au Campanile, un camping-car de luxe et, pour faire plaisir à leur fille, un animateur télé. Dame! Avec vingt-cinq millions d’euros, on peut vivre sur un grand pied et ils voudraient tellement que Laetitia devienne une Lady Di des banlieues. Bernard n’hésite pas. Sa fierté, avec sa voiture, c’est sa fille. Il veut le bonheur de Laetitia, qu’elle soit un mélange subtil de Miss France et de Lady Di. Pour cela, il enlève Jean-Edouard Bernel, l’animateur de la télé, le parangon de la jet set. En bons parents, les Leblanc se jettent dans l’apprentissage difficile de la jet set. Jean-Edouard Bernel qui ne boit son pastis que le petit doigt levé, est propulsé dans un univers plus éloigné de lui que Saturne. La banlieue, pouah, quelle horreur! Mission impossible pour le digne fils de Léon Zitrone et Nadine de Rothschild. Pourtant, il relève le gant de ce défi titanesque: faire des Leblanc des jet seteurs. Les élèves sont indisciplinés, les «coacher» est plus épuisant que d’avoir une conversation avec Massimo Garglia. Lui qui tutoie toutes les têtes couronnées doit apprendre à ces rustres à tenir correctement une fourchette.
Jean-Marie Chevret est le nouveau roi du boulevard. Toutes ses pièces sont des succès. Stéphane Bern lui a chuchoté à l’oreille son désir de monter sur scène. Chevret, en fin connaisseur des planches, a compris que Bern n’étant pas comédien, il fallait lui faire jouer les gammes d’un air connu. Jean-Edouard Bernel est un clone de Bern avec des accents, des contours plus accentués sans tomber dans la caricature. Il y a toujours beaucoup d’affection dans les personnages que crée Jean-Marie Chevret. Les Leblanc sont des petits français bien implantés, populaires. Leur franc parler, leurs attitudes amusent la galerie sans aucune vulgarité. Francis Perrin porte le marcel de Bernard. Il est absolument hilarant lorsqu’il surveille sa voiture avec une paire de jumelles et armé d’un porte-voix. Il est un Bernard Leblanc authentique, un beauf rabelaisien. La scène d’oenologie et de maintien à table est une scène d’anthologie qui met à rude épreuve les zygomatiques. Isabelle de Botton est une Bernadette sympathique, pleine d’un bon sens pratique. Stéphane Bern tire honorablement son épingle du jeu, on ne peut lui promettre une carrière de comédien de composition mais en professeur de bonnes manières, il est crédible. Numéro complémentaire est une bonne comédie qui assure aux spectateurs d’avoir tiré le bon numéro pour passer une bonne soirée aux rires et aux fous rires assurés. Théâtre Saint-Georges 9e (01.48.78.63.47).


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