NUIT D'IVRESSE

Article publié exclusivement sur Internet
entre les Lettres n° 205 et 206

NUIT D'IVRESSE de Josiane Balasko. Mise en scène Josiane Balasko avec Michèle Bernier, Francis Huster, Christian Sinniger.
L'abus d'alcool est dangereux. En lettres d'or, cette maxime sera gravée dans la mémoire de Jacques Belin. Dans les brumes éthyliques, Jacques s'est retrouvé en smoking au buffet d'une gare. Où, il ne sait plus, il ne veut plus savoir, lui, le parisien, l'animateur vedette de L'affaire est dans le sac. Lui qui parle d 'égal à égal avec Julien Lepers et tutoie Jean-Pierre Foucault, adresse la parole à une femme qui attend avec sa petite valise. Jacques engage le dialogue et dérape. Il est un vrai goujat, elle a du tempérament. Simone n'est pas femme à se laisser marcher sur les pieds. Ce trait de caractère l'a entraînée en prison. En permission pour cinq jours, retirée de l'actualité, cette vedette du petit écran est pour elle un inconnu exaspérant. De verre en verre, de propos aigre-doux, les compagnons de comptoir passent une nuit inoubliable.
Nuit d'ivresse a dix-huit ans, le bel âge pour cette pièce de Josiane Balasko qui n'a pas pris une ride. Après avoir été interprétée par l'auteur elle-même et Michel Blanc, reprise par Gérard Jugnot et Victoria Abril au théâtre puis par Thierry Lhermitte au cinéma, Nuit d'ivresse à l'instar de Le Père Noël est une ordure est connue, reconnue par le public qui a sur les lèvres les répliques. Josiane Balasko a l'art de la réplique qui tue, du mot dévastateur. Elle jette ses personnages sans défense dans la situation de la peau de banane avec une maestria drôlatique. Le couple Bernier-Huster est inattendu et formidable. Michèle Bernier est une Simone à la fois touchante et fragile. Elle glisse avec une gouaille réjouissante du ridicule à l'émotion. Prendre le relais de Josiane Balasko est une gageure, elle relève le défi avec la pugnacité qu'on lui connaît. Elle lance haut le bâton de majorette faute de flambeau. Francis Huster en a assez d'être un romantique. Il piétine allègrement son image avec une jubilation communicative. Il est odieux, goujat, supérieur et finalement bien fragile. Le couple de l'animateur et de la détenue se forme sous le regard goguenard et indispensable du barman joué par Christian Sinninger, parfait. Cette nuit d'ivresse est une nuit hilarante. Théâtre de la Renaissance 10e (01.42.08.18.50).

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