MOMO

Article publié dans la Lettre n° 387
du 26 octobre 2015


MOMO de Sébastien Thiéry. Mise en scène Ladislas Chollat avec Muriel Robin, François Berléand, Sébastien Thiéry, Ninie Lavallée.
Imaginez deux secondes: après une agression aux Chocapic dans les rayons d’un supermarché perpétrée par un type d’une quarantaine d’années, violent et au langage abscons qui s’enfuit avec leur Caddie, (le décor est super), André et Laurence Prioux rentrent chez eux passablement perturbés. A leur retour, plusieurs surprises les attendent : le contenu de leurs courses interrompues a été délicatement déposé dans la cuisine et la porte de la chambre d’amis est fermée de l’intérieur. Après quelques injonctions craintives, le même individu que celui rencontré au supermarché sort en petite tenue, mais, cette fois, ils les serrent dans ses bras en les appelant momo et popo, les prenant visiblement pour ses géniteurs ! Ils ont beau réfléchir : ils ne se souviennent pas être passés par la case parents. Sidération et incompréhension totales de la part du couple tout à fait normal que forment Laurence et André, elle DRH irascible, lui pharmacien plus placide. En bons cartésiens, ils cherchent à comprendre. Il doit y avoir une explication à ce mystère, d’autant plus que Patrick, le fils présumé, ne tarde pas à leur présenter Sarah, une fiancée pour le moins spéciale, flanquée d’un chien …
Une situation parfaitement anormale que les personnages cherchent à élucider amorce généralement les pièces de Sébastien Thiéry. Ici, son imagination attisée par celle de Ladislas Chollat en fait voir de toutes les couleurs à ses personnages et plonge le public dans une telle hilarité qu’il peine parfois à entendre les répliques suivantes qui fusent à chaque seconde. Entre deux éclats de rire, il suit tant bien que mal les situations ubuesques dans lesquelles la peur, le mensonge et la lâcheté plongent André et Laurence, jusqu’à un épilogue qui vire curieusement à l’émotion.
Entre légèreté et gravité, Sébastien Thiéry se penche sur l’art d’être parents et le souci de la transmission, bref, sur l’état d’esprit d’un couple sans histoire qui, au soir de sa vie, se retrouve seul. Si André prend la chose avec philosophie, Laurence, en mal d’enfant, regrette de ne pouvoir léguer un héritage fait de son vécu et de ses souvenirs. Pour elle, l’irruption dans sa vie de cet hurluberlu tombe en quelque sorte du ciel. Muriel Robin et François Berléand tiennent diablement bien des rôles sur mesure. Sébastien Thiéry est absolument irrésistible dans le rôle du fils au léger handicap, secondé dans ses élucubrations par Ninie Lavallée, Sarah explosive. Théâtre de Paris 9e.


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