LA MÉDIATION de Chloé Lambert. Mise en scène Julien Boisselier avec Julien Boisselier, Raphaëline Goupilleau, Chloé Lambert, Ophelia Kolb.
Pierre et Anna, parents d’Archimède, un garçonnet de trois ans, viennent de se séparer. Les reproches, la rancune puis la haine se sont installés au cœur d’un conflit qui semble sans issue. Ils doivent pourtant s’accorder sur la pension alimentaire et la garde de leur enfant. Le juge leur a proposé les services d’un médiateur familial qui permettrait de renouer le dialogue. Leurs avocats les ont encouragés à suivre cette voie. Peu convaincus, les voici toutefois installés chacun à un bout de la pièce, après une vive dispute au sujet de la garde prévue pour le prochain week-end. La médiation est conduite par deux femmes, Isabelle, experte confirmée, et Jeanne une jeune médiatrice dont c’est le premier dossier. Pierre, davantage préoccupé par sa profession de paléontologue que par l’éducation de son fils, se montre nerveux et irritable. Il semble avoir tourné la page sur sa séparation ce qui n’est pas le cas d’Anna, encore trop révoltée par l’attitude de Pierre à son égard pour accepter tout compromis. Les deux médiatrices s’emploient à désamorcer la violence qui s’est installée entre eux, puis tentent de les raisonner invoquant le bien-être fondamental de leur fils. D’une séance à l’autre, le couple ennemi évolue. Pierre baisse la garde quand il apprend que le projet qui lui tenait à cœur a abouti. Devenu riche, il se transforme en père Noël et accède à toutes les demandes, tentant même de reconquérir sa compagne. Anna change peu à peu de conduite. Angoissée et vindicative au début, elle lâche peu à peu du leste et devient elle aussi très conciliante. Son aspect physique, de plus en plus décontracté d’une séance à l’autre, laisse entrevoir un épanouissement qu’elle explique avec un bonheur que Pierre prend très mal …
Une seconde intrigue fait écho à la première. Les deux médiatrices ont prévenu le couple qu’elles étaient là pour l’aider à trouver des solutions, non pour porter un jugement, mais leur impartialité n’est qu’une façade. Dès la première séance, Isabelle manifeste un net a priori sur Pierre alors que Jeanne se laisse séduire par son charme. Contrairement aux spectateurs, Pierre et Anna ignorent que Jeanne est la fille d’Isabelle et qu’elles ont un contentieux à régler. Les reproches entre la mère et la fille débordent du cadre professionnel. Ce ne sont plus deux personnes, en souffrance, qui s’affrontent mais quatre.
En explorant le vécu des personnages, Chloé Lambert expose brillamment les limites d’une médiation qui prône le dialogue dans le respect et la valorisation de l’autre. Le rythme soutenu de la mise en scène donne une formidable authenticité à des rôles très équilibrés qui permettent aux comédiens d’exprimer pleinement leur talent. Au centre, une petite chaise symbolise l’enfant, absent de la médiation. « On lui demande de construire sa vie sur des séparations », s’insurge sa mère. Mais Archimède n’a-t-il pas un prénom prédestiné ? ! Théâtre de Poche 6e.