LA LOCANDIERA

Article publié dans la Lettre n° 358
du 7 octobre 2013


LA LOCANDIERA de Carlo Goldoni. Traduction Jean-Paul Manganaro. Mise en scène Marc Paquien avec Dominique Blanc, André Marcon, Anne Caillere, François de Brauer, Anne Durant, Gaël Kamilindi, Pierre-Henri Puente, Stanislas Stanic.
Une liberté totale de langage et d’action, c’est l’état merveilleux dont jouit Mirandolina, aubergiste à Florence, qui gère ses affaires, depuis le décès de son père, avec Fabrizio, son homme de main. Son père lui avait bien recommandé de s’unir à cet homme aussi fidèle qu’amoureux, pour être de sa condition, mais le plaisir de n’avoir pour unique contrainte que celle d’éconduire avec diplomatie ses nombreux prétendants, ne l’incite guère à se marier, jalouse de cette indépendance, rare à l’époque, chez une personne de son sexe. Son auberge qu’elle dirige en maîtresse femme ne désemplit pas. S’y pressent des gentilshommes fortunés ou non, qui rivalisent de prévenance à son égard, mus par la même idée fixe : la séduire. Tous ? Eh bien non ! A sa grande surprise, le Chevalier de Ripafratta, qui vient de louer une chambre, déteste la gente féminine et ne manque pas de le lui faire savoir avec mépris. Piquée au jeu, et pour l’honneur de son sexe, Mirandolina décide de le séduire. Vaste entreprise qu’elle mène à bien avec une rouerie toute féminine. Elle se fait ainsi la défenderesse des femmes, mais se rend finalement compte de la nécessité de convoler pour assurer sa sécurité.
La traduction de Jean-Paul Manganaro restitue avec bonheur toute la vitalité de l’œuvre et l’exploration des sentiments humains proposée par Carlo Goldoni, illustre fondateur du théâtre italien moderne. Il fait de son héroïne une femme libérée, loin des critères du XVIIIe siècle.
Dominique Blanc excelle dans ce rôle qui lui semble taillé sur mesure. Elle joue une Mirandolina originale et étonnante, d’une merveilleuse spontanéité. À ses côtés, André Marcon interprète à la perfection le Chevalier misogyne, passant avec art du mépris le plus total aux affres du coup de cœur, sans pour autant éclipser les autres comédiens. Toutes les scènes sont réjouissantes. Celles de la dégustation du vin de bourgogne ou du repassage, du plus haut comique, montrent la maîtrise d’une mise en scène et d’une scénographie étourdissantes. Le public suit avec un plaisir non dissimulé les multiples péripéties qui se succèdent avec une vivacité diabolique, durant les 24 heures de la vie d’une femme de tête et de cœur. Théâtre de l’Atelier 18e.


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