LE LIEN

Article publié dans la Lettre n° 472
du 6 février 2019


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LE LIEN de François Bégaudeau. Mise en scène Panchika Velez avec Catherine Hiegel, Pierre Palmade, Marie-Christine Danède.
Ils sont assis à table, Christiane s’active. La visite de son fils Stéphane se déroule comme toujours. Elle parle, elle parle, il n’écoute pas. Depuis longtemps, les propos de sa mère l’ennuient. La dispute a commencé avec le problème du fromage, une obscure histoire de « stérilisation » au Carrefour City, quelle barbe ! Stéphane est écrivain. Sa mère ne lit pas ses romans, non par désintérêt mais parce qu’elle a peur de ne pas les comprendre. Cela, son fils intello ne l’admet pas. Elle a travaillé dans les « PTT ». Question géographie, elle est incollable, mais la littérature…
Stéphane s’est échappé de sa famille de français moyens de province pour vivre sa vie à Paris et l’écart s’est creusé. Sa mère est impuissante à lui faire comprendre que seul l’amour compte. Il aimerait qu’elle s’intéresse à lui, à ce qu’il fait. Il voudrait qu’elle lise ses ouvrages, qu’elle les commente et, surtout, qu’elle le félicite pour voir sa propre fierté briller dans le regard maternel.
La discussion s’envenime. Stéphane devient méchant. Il va partir, menace de ne plus jamais revenir, lorsque, Françoise, l’amie tant attendue, arrive avec le gâteau. C’est le soleil qui entre avec elle. Ex-collègue de Christiane, elle connait Stéphane depuis sa plus tendre enfance. Elle est douce, d’une douceur attentionnée. Elle explique son retard, une amie dans la peine au téléphone, et cette peine retient l’attention de Stéphane qui s’anime tout à coup. La tension baisse. Françoise lui pose alors les bonnes questions et le calme en massant ses petits maux qui s’envolent en un clin d’œil. C’est si simple, en somme.
Dans cet appartement monacal, où seuls existent les meubles et les objets utiles, la mère et le fils renouent leur conversation après le départ de Françoise. Mais les quelques minutes de paix et d’harmonie qu’elle a insufflées ont suffi. Ils baissent les armes et s’accordent enfin. Il reviendra bien sûr…
Les relations mères - fils sont disséquées depuis la nuit des temps. François Bégaudeau ajoute sa pierre à l’édifice avec ce face-à-face émouvant et drôle, aux accents autobiographiques, que beaucoup reconnaitront. On ne peut rêver meilleure distribution. Marie-Christine Danède interprète avec subtilité l’amie providentielle. Pierre Palmade est émouvant dans le rôle du fils bougon, trop gâté. Catherine Hiegel est magnifique dans ce rôle de mère qu’elle a si souvent tenu pour Florian Zeller, Jon Fosse ou Jean-Claude Grumberg. Elle est toutes les mères, celles incomprises, celles qui agacent. Elle est la mère qui respire un amour inconditionnel, gardienne du lien inaltérable qui l’unit à son fils. M-P.P. Théâtre Montparnasse 14e.


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