LES JUMEAUX VÉNITIENS de Carlo Goldoni. Adaptation et mise en scène Jean-Louis Benoit avec Maxime d’Aboville, Olivier Sitruk, Victoire Bélézy, Philippe Bérodot, Adrien Gamba-Gontard, Benjamin Jungers, Thibault Lacroix, Agnès Pontier, Luc Tremblais, Margaux Van Den Plas.
Des jumeaux, Zanetto et Tonino, ont été séparés à leur naissance et élevés, l’un à Bergame dans les montagnes, l’autre à Venise. Ils ont vingt ans aujourd’hui et si la nature a doté Tonino d’une belle intelligence, il n’en est, hélas, pas de même pour Zanino. Le hasard les fait arriver en même temps à Vérone. Zanetto est venu pour Rosaura, une jeune fille dont il a conclu l’union par lettre. Tonino est venu rejoindre Béatrice, une jeune fille qu’il a aidée, par amour, à fuir Venise.
La plus grande fébrilité règne dans la maison du docteur Balanzoni. Tous guettent l’arrivée de Zanetto et de son valet Arlequin. En jeune fille obéissante, Rosaura, vêtue de ses plus beaux atours, attend son fiancé avec impatience. Son père, lui, a des raisons qu’il garde secrètes pour que ce mariage se fasse. Brighella et Colombine, les deux serviteurs, savent bien des choses mais se taisent. Dès son arrivée, l’insistance de Zanetto, face aux appâts de la belle, indigne la jeune fille qui, en lui administrant une gifle, lui signifie son renvoi pour la plus grande joie de Pancrace, un homme vieux et mal fait, parasite de la maison, sous couvert de probité. Il a lui aussi un dessein bien précis.
En ville, Béatrice, désespère de retrouver Tonino. Se croyant abandonnée par son amoureux, elle décide de retourner à Venise malgré les exhortations à la patience de Florindo, qui veille jalousement sur la jeune fille pour son ami Tonino, parce qu’il en est amoureux et surtout parce que les mauvaises rencontres sont légion quand une jeune fille voyage seule. Et les intentions de Lelio, neveu du docteur, qui lui propose sa calèche et ses gens pour la ramener au bercail, sont loin d’être désintéressées.
C’est alors qu’arrive Tonino. Ne voulant pas être reconnu pour s’être enfui de Venise après avoir administré un soufflet de trop, il se fait appeler Zanetto, sans savoir que son jumeau est en ville. Mais pour avoir emprunté le nom de son frère, Tonino va créer une succession de malentendus et de quiproquos, chacun ne comprenant rien et tous ayant la sensation de perdre la raison. Larmes, dépit, fâcheries, duels, vol supposé, fuite, arrestation, libération et réconciliation se succèdent jusqu’à un épilogue en demi-teinte qui libère langues et secrets.
Jean-Louis Benoit a adapté et mis en scène cette œuvre majeure de Carlo Goldoni dans le décor coulissant d’une Vérone ensoleillée avec sa place dotée d’une fontaine antique et ses maisons au crépi terre de Sienne. Son expérience fait merveille pour éclairer la pièce complexe d’un auteur, qui crée à la fois pour distraire et instruire. Les mises en garde qu’il instille sur les méfaits de l’argent, nœud de tous les excès et de tous les drames, le regard qu’il porte sur la condition féminine sont intemporels et universels. Oscillant entre comédie et tragédie, la troupe se surpasse dans des rôles équilibrés. Maxime d’Aboville joue de son corps et modifie d’un jumeau à l’autre l’expression de son visage et de sa voix. Habile caméléon, il interprète un Zanetto - Tonino qui fera date. M-P.P. Théâtre Hébertot 17e.
