LES JOURNALISTES

Article publié dans la Lettre n° 89


LES JOURNALISTES de Arthur Schnitzler. Mise en scène Jorge Lavelli avec dix-sept comédiens dont Marc Citti, Michel Aumont, Dolorès Torres, Jean-Claude Jay, Claude Evrard, Gérard Lartigau, Philippe Joiris, Gabriel Cattand.
Activité fébrile dans les bureaux de la rédaction du Temps présent, à Vienne, à la veille de la première guerre mondiale. Chacun écrit son article ou commente les dernières nouvelles. Une grève de mineurs a suscité l'intervention à la chambre du comte Niederhof, conservateur et représentant de l'aristocratie. Son discours est commenté avec enthousiasme par un certain Fink dans un article de La vie élégante, journal mondain adversaire du Temps présent. Fliederbusch, jeune journaliste au Temps présent, répond avec fougue à l'article de Fink. Cet article est très mal accueilli à la rédaction de La vie élégante où Egon Satan, fils du directeur de la rédaction, pousse Fink à provoquer Fliederbusch en duel. Mais Styx, collaborateur à La vie élégante, découvre peu à peu que Fink et Fliederbusch ne font qu'un et que, roi de l'imposture, il signe des articles à tendance contraire selon le journal dans lequel il les fait paraître. Jusqu'où ira t-il dans sa mystification, c'est tout le suspense de la pièce, d'autant plus que le duel va avoir lieu.
Arthur Schnitzler, comme ses contemporains, ressent une aversion particulière pour la presse lorsqu'il publie sa pièce en 1917. Avec Les journalistes, il propose une comédie satirique dont le sujet est le dédoublement du personnage principal. Ce qui fait son originalité et son intérêt, c'est sa noirceur, dans sa conclusion surtout, puisque les adversaires d'hier se réconcilient sur le dos des lecteurs. Ni le monde des libéraux ni celui des conservateurs ne sont épargnés.
Jorge Lavelli a très bien su rendre l'ambiance très spéciale qui règne dans une salle de rédaction et traduire le cynisme des personnages et la causticité de la pièce. Elle se déroule dans un espace unique que seuls des meubles différents ou transformables changent. Ce décor, un choix très judicieux des costumes et le jeu subtil des acteurs renforcent le côté théâtral de l'oeuvre et permettent à cette excellente pièce d'exprimer toute sa force. Théâtre National de la Colline 20e, jusqu'au 3 juillet 1994


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