LE JOURNAL d’Antoine Beauquier. Mise en scène Anne Bouvier. Avec Bruno Putzulu, Bruno Debrandt, Bernard Malaka, Carolina Jurczak, Olivier Claverie.
Fondateur et directeur d’un journal d’investigation indépendant, Edmond fait trembler la classe politique française depuis trente ans. Il est sur le point de publier l’article de son associé et ami Raphaël contenant des révélations sur Jacques Flamm, un homme politique aux dents longues, nouvellement nommé ministre des Outre-mer. Celui-ci a été prévenu de la publication quelques jours auparavant et, officiellement, il n’a rien entrepris pour s’y opposer. Depuis des années en politique, Jacques Flamm a appris à ne faire aucun faux pas et à anticiper les coups bas. Le matin de la sortie du numéro, Simon apprend que sa fille Apolline, partie en Indonésie, vient d’être arrêtée, a priori pour trafic de drogue. La jeune fille est terrorisée. Contre toute attente, depuis une autre cellule, une voix la calme et la rassure en français. Impossible d’alerter Orsoni, le ministre des affaires étrangères, en déplacement au Mexique. Il faut faire vite. L’avocat de Simon le met alors en relation avec Jacques Flamm qui accepte de prendre en main la libération d’Apolline. Premier cas de conscience d’Edmond : il n’est plus question de publier l’article. Après les palabres d’usage avec le chef de la police de Jakarta, il s’avère que la libération de la jeune fille se monnaie. Cependant, la rançon ne concerne pas le gouvernement français mais la famille. C’est le second cas de conscience d’Edmond. Le ministre lui fait comprendre qu’il doit agir au plus vite s’il veut sortir sa fille des geôles indonésiennes. La vente du journal est la seule solution afin de réunir les deux millions d’euros exigés. Georges Flamm lui présente tout de suite un acheteur prêt à en devenir propriétaire à ce prix, l’homme d’affaires Bernard Van. Mais la vente du journal révèle des choses surprenantes sur la face cachée d’Edmond, un type si honnête, si droit. Raphaël n’en croit pas ses oreilles et il n’est pas au bout de ses surprises lorsque au cours des six mois à venir, l’enquête qu’il mène seul est elle-aussi révélatrice…
Prises d’intérêts, magouilles, corruption, copinage, ce thriller bien ficelé est haletant sous la plume d’Antoine Beauquier. Il tisse sans complaisance les liens entre le monde politique et celui de la presse. Chaque personnage se présente lui-même selon ses propres critères, mis à mal au fur et à mesure des rebondissements. Les comédiens évoluent dans une mise en scène alerte et des décors astucieux. Noire et drôle, la pièce se fait l’écho de bien des affaires qui secouent régulièrement notre société. M-P P. Théâtre de Paris – Salle Réjane 9e.