LES HOMMES PREFERENT MENTIR

Article publié dans la Lettre n° 302


LES HOMMES PRÉFÈRENT MENTIR de Éric Assous. Mise en scène Jean-Luc Moreau avec François-Éric Gendron, Véronique Boulanger, Cyrille Eldin, Juliette Mayniac, Manuel Gelin, Murielle Huet des Aunay, Mathilde Penin.
Simon rentre chez lui avec une mission aussi urgente qu’angoissante : rompre avec Olivia, sa femme depuis huit ans, pour vivre avec Anne-Catherine, une ex-patiente. Psychiatre, il a traité d’un peu trop près cette jolie cliente qui, aujourd’hui, le menace de tout déballer s’il ne se décide pas à divorcer pour l’épouser. Mais, contre toute attente, Olivia a organisé un dîner, « une soirée pour rendre service », avec Sam et Richard, deux copains de Simon, et Aurélie, une amie à elle qu’elle compte bien placer à l’un des deux célibataires. Stupeur et tremblements de Simon qui n’a pas écouté sur son portable le message de sa femme lui annonçant le dîner, soulagement, peut-être, à l’idée de différer l’épreuve, mais de très courte durée car, au téléphone, la jeune maîtresse se montre inflexible ! Autre surprise et déception pour Olivia. Si Sam arrive seul, Richard est accompagné d’une très jeune et jolie Madison qu’il vient d’épouser à Las Vegas. La soirée promet tout de même d’être joyeuse à voir la constance d’Aurélie à vider la bouteille de gin, même si dans la chambre à côté dort le petit Victor qu’il ne faut surtout pas réveiller. Ce petit garçon jaune a été « délocalisé » de Hanoï à l’âge de quatre mois pour cause de stérilité de sa mère adoptive ! L’arrivée d’une personne sur laquelle on ne comptait pas du tout va bouleverser la soirée déjà attisée par les petites rancoeurs et jalousies dues aux situations professionnelles et financières pour le moins inégales des uns et des autres. Deux ans et trois mois plus tard, un autre dîner au même endroit réunit les mêmes convives mais bien des choses ont changé…
Encore un dîner entre amis qui tourne mal me direz-vous. C’est compter sans le talent d’Eric Assous passé maître dans l’art de ce genre de comédie. Les belles sœurs (Lettre 275), créée au Théâtre Saint-Georges, pour ne citer qu’elle, en est la meilleure illustration avec ses 391 représentations.
Eric Assous a le talent rare d’être attentif à la société qui l’entoure et de renouveler toujours l’observation qu’il en fait. L’ argument de cette dernière œuvre est bien ficelé avec des situations crédibles et très actuelles et des réparties qui dépeignent les grands maux d’aujourd’hui comme la précarité d’un emploi, la solitude, l’alcool mais aussi des réflexions plus profondes sur l’homosexualité, l’adoption et l’éducation. Pour l’auteur cependant, tous ces sujets ramènent à la grande question que tout être humain sans exception s’est posé, se pose ou se posera un jour : comment trouver l’autre ?... Mais le bon !
Les deux décors très étudiés sont l’écrin d’une histoire dont l’action, étalée sur deux ans, est faite de situations pleines de surprises, de rebondissements perpétuels, petit bijou ciselé d’idées à perte de vue, de dialogues d’un humour décapant, d’une invraisemblable drôlerie. Eric Assous et Jean-Luc Moreau nous embarquent dans une comédie complètement loufoque et nous surprennent à chaque instant. Les comédiens bien dirigés donnent le meilleur d’eux- mêmes pour la plus grande joie du public. Théâtre Saint-Georges 9e. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici.


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