L'HOMME, LA BETE ET LA VERTU

Article publié entre les Lettres 226 et 227


L'HOMME, LA BETE ET LA VERTU de Luigi Pirandello. Adaptation Toni Cecchinato et Jean Collette. Mise en scène Jean-Claude Idée avec Niels Arestrup, Anne Jacquemin, Jean-Jacques Moreau, Christian Bujeau, Raymonde Heudeline, Christel Charpentier, Damien Jouillerot, Miguel Ferreira, Louis Salkind.
Célibataire endurci et professeur atypique, Monsieur Paolino a pour maîtresse la tendre et vertueuse Madame Perella. Celle-ci, pourtant élevée dans la meilleure et la plus stricte tradition catholique, a sauté le pas, après bien des scrupules, mais pour cause. Le capitaine au long cours Perella, son époux, suit à la lettre le dicton bien connu: "une femme dans chaque port". Plus grave, il a installé à Naples un second ménage dont la jeune femme l'émoustille davantage que son épouse. Ses rares apparitions, ponctuées de scènes mémorables, ont achevé de lasser l'épouse délaissée. Tout irait donc pour le mieux si le problème classique n'était survenu: la voici enceinte de Paolino et le capitaine annonce son retour. La seule solution est d'amener de force celui-ci dans le lit conjugal qu'il n'occupe plus depuis deux ans, afin de lui faire endosser la paternité du futur bébé. Mais l'époux irascible est braqué. Les charmes de la soubrette (Christel Charpentier, excellente) le tente davantage que ceux de son épouse qui a pourtant fait un effort du diable pour se montrer aguichante. Paolino décide d'employer les grands moyens, ceux de glisser dans un gâteau qu'il va offrir, un ancêtre du viagra, préparé par le frère pharmacien d'un ami médecin et complice. Mangera, mangera pas? là est toute la question surtout que Nono, le jeune fils du couple, très gourmand, adore le gâteau au chocolat et a plus d'un tour dans son sac!
Le mari, la femme, l'amant est le trio incontournable de toute comédie burlesque. Mais lorsque celle-ci est signée Pirandello, elle prend une toute autre dimension. L'auteur excelle dans ce registre inhabituel et qu'il ne reproduira pas. Il conduit ce vaudeville endiablé avec la même virtuosité que ses autres oeuvres plus « pirandelliennes ». Les nombreux rebondissements et péripéties qui le composent sont exploités avec un art consommé par Jean-Claude Idée dont la mise en scène échevelée conduisent les comédiens dans des situations délirantes. Il faut dire que le rôle du capitaine a été confié à Niel Arestrup, particulièrement en forme. Tonitruant, éructant et énorme, il gratifie le public d'une prestation aussi saisissante que Christian Bujeau dans les rôles du médecinet du pharmacien. Jean-Jacques Moreau est inénarrable en Paolino poussé par la nécessité et plein de ressources pour sortir d'embarras la douce Madame Perella, interprétée par Anne Jacquemin, craquante en épouse effarouchée. Théâtre Montparnasse 14e.


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