LES GRANDS RÔLES

Article publié dans la Lettre n° 474
du 6 mars 2019


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LES GRANDS RÔLES par les Mauvais Elèves. Mise en scène Shirley et Dino. Avec Valérian Behar-Bonnet, Elisa Benizio, Bérénice Coudy, Antoine Richard.
En préambule, la professeur de français vient prévenir qu’il s’agit d’un exercice de théâtre et que des questions seront posées sur les personnages interprétés, avec « schémas » requis ! S’ensuit une noria complètement déjantée de rôles joués par quatre acteurs plus « amateurs » les uns que les autres. Sur un plateau sans autre décor que les deux rideaux qui masquent les coulisses…sans occulter les commentaires du machiniste promu souffleur avec béret et sandwich, ni ceux des camarades en attente qui passent et repassent en fond de scène. La metteuse en scène est nymphomane, Don Alfonso vêtu de rose et désopilant réclame son temps de parole, un Roméo hippie gratouille une mini-guitare, Dom Juan, en fourreau de lamé, se mue en hystérique féministe, Ruy Blas se désarticule en rap, la Mouette volette avec des ailes de nymphette niaise tout en discourant sur ses désirs d’« actrice ». Le délire est à son comble quand une Juliette rousse et barbue cherche les accessoires qui manquent à l’appel et que le poignard se mue en tire-bouchon de fortune. Hamlet, déliquescent et hilarant, chante ses strophes de mort et de sommeil, Rodrigue enflamme sa tirade de chorégraphies et de mimes que ne renierait pas Louis de Funès. Christian, skinhead atrabilaire face au nez gigantesque de Cyrano, menace de se suicider. Le petit chat est mort, on réclame la metteuse en scène, les acteurs, privés de « leur scène », chuchotent ou vitupèrent en coulisses. On danse le chachacha, Médée nasille « avé l’assent ». Et les inénarrables interprètes de ces quatorze rôles du répertoire classique se lancent dans un quadrille final à la mesure de la folie en crescendo. Shakespeare, Hugo, Tchekhov, Molière, Corneille, Giraudoux et Anouilh, sans oublier Rostand, trouvent ainsi des voix plus qu’improbables, fidèles à la lettre… sinon à l’esprit.
Le public renonce bientôt à s’étonner pour se laisser entraîner sans résistance dans la folie du rire.
Bon appétit, Messieurs-Dames…A.D. Théâtre Le Lucernaire 6e (01.45.44.57.34). Jusqu’au 21 avril.


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