LE GRAND THÉÂTRE DE L’ÉPIDÉMIE

Article publié dans la Lettre n°508 du 30 septembre 2020


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LE GRAND THÉÂTRE DE L’ÉPIDÉMIE d’après Sophocle, Camus, Claudel, Ionesco, Artaud, Shakespeare etc. Conçu par Christophe Barbier. Lumières François Loiseau. Avec Christophe Barbier, Sylvain Katan, Pierre Val ou Frédéric Lecat.
Depuis la nuit des temps, épidémies, totalitarismes ou autres calamités sont liés au théâtre, utilisés comme ressorts dramatiques par des dramaturges tels que Sophocle, Claudel, Shakespeare, Ionesco…
- Œdipe mène une enquête pour connaître la cause de la peste envoyée par Apollon sur Thèbes et découvre qu’il en est lui-même responsable.
- Le destin de Violaine Vercors, atteinte de la lèpre par compassion, sera bouleversé par sa sœur, bien décidée à lui nuire.
- En ordonnant l’exil de Roméo, Escalus, seigneur de Vérone, porte la responsabilité de la tragédie qui s’ensuit : confiné à cause de la peste, le frère Jean, messager du frère Laurent, ne peut délivrer à l’exilé le message crucial …
En explorant un nombre nourri des œuvres sur le sujet, Christophe Barbier dont l’érudition fait merveille, met ainsi en lumière la relation éternelle entre fléaux divers et théâtre. Son fil directeur est cette réflexion d’Antonin Artaud : « Le théâtre, comme la peste, dénoue les conflits, il dégage des forces, il déclenche des possibilités, et si ces possibilités et ces forces sont noires, c’est la faute non de la peste ou du théâtre, mais de la vie. De même que la peste, le théâtre est fait pour vider collectivement des abcès. »
Dans l’esprit de la Commedia Dell’ Arte, masques de rigueur et pour cause ! mais sans pour autant improviser, Christophe Barbier et ses complices font preuve d’un dynamisme à toute épreuve. Ils « picorent » ça et là dans les chefs-d’œuvre où s’affrontent hommes et désastres mortifères et mettent en miroir leur destin avec celui du XXIe siècle. Et l’on est surpris de voir comme le langage d’hier est identique à celui prononcé ces derniers mois par nos gouvernants et scientifiques tout comme celui des opposants ou concitoyens. Indécision, égoïsme ou altruisme, lâcheté ou courage, la nature humaine reste inchangée. Seul demeure l’irrémédiable tournant pris après avoir vécu l’impensable.
Dans « La Peste », Albert Camus fait du Docteur Rieux le narrateur de la chronique. Celui-ci confie l’avoir rédigée « pour dire simplement ce qu’on apprend au milieu des fléaux, qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser ». Un constat optimiste à partager avec les trois comédiens. M-P.P. Théâtre de Poche Montparnasse 6e.


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