FAUX DEPART

Article publié dans la Lettre n° 235


FAUX DEPART de Jean-Marie Chevret. Mise en scène Thierry Harcourt avec Eva Darlan, Michel Robbe, Isabelle, Ferron, Julie Dray.
Lorsqu’elle a connu Jean, Odile était comédienne. Elle avait du talent, le succès était à sa portée. L’ivresse de la passion lui a fait oublier les planches, la carrière, la griserie de l’adulation du public. Durant près de trente ans, elle s’est laissé enfermer dans le cocon patiemment tissé par Jean, guidée par ses opinions, ses idées, ses lubies, oubliant les siennes, puis s’oubliant elle-même. Aujourd’hui, la retraite a sonné et Jean a décidé de vendre l’appartement parisien pour s’installer dans la maison de campagne tourangelle amoureusement équipée. Si ce projet le comble, Odile, citadine dans l’âme, est nettement moins enthousiaste à l’idée de passer les hivers dans la boue à regarder tomber la pluie! Aussi décourage-t-elle discrètement les acheteurs potentiels de leur appartement afin de gagner du temps. Sa belle-soeur lui donne l’idée de louer une chambre. L’arrivée de Diane, une jeune étudiante en art dramatique, suffit pour tout faire basculer. Le monde du théâtre, incarné par la ravissante jeune fille, survient d’un coup comme une bouffée d’air frais et de jouvence dans l’esprit et le coeur d’Odile qui prend en main les répétitions de son élève. Le premier succès de Diane qui obtient un petit rôle dans une pièce, achève de galvaniser les deux complices, mais la veille de la première, l’actrice principale se blesse. Qui connaît suffisamment le rôle pour la remplacer au pied levé, qui si ce n’est Odile? Mais comment annoncer cette folle éventualité à Jean?...
Après Le Squat en 2000 et Les Amazones (Lettre 216) en 2003, on ne compte plus les comédies à succès de Jean-Marie Chevret. Il porte un regard chargé d’humour et de gentillesse sur notre époque, croquant des qualités et des défauts bien français, brossant des personnages si authentiques que chacun peut aisément s’en rapprocher. Il parle aussi très bien de ce sentiment incontrôlable dont sont davantage affligées les femmes que les hommes, ce qui causent parfois leur perte. Elles aimeraient pourtant garder les yeux ouverts et leur objectivité face au mâle dévastateur pour qui elles soupirent! Un joli décor, une débauche de costumes sont les ingrédients non négligeables d’une mise en scène alerte dont les comédiens tirent un formidable parti. Théâtre Rive Gauche 14e (01.43.35.32.31).


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