FAUT PAS PAYER

Article publié dans la Lettre n° 248


FAUT PAS PAYER de Dario Fo. Texte français Valeria Tasca et Toni Cecchinato. Mise en scène Jacques Nichet avec Pierre Baux, Stéphane Facco, Agathe Molière, Marie-Christine Orry, Dominique Parent, Jean-Jacques Duquesnoy et les musiciens Fabrice Dang Van Nhan, Laurent Guitton, Malik Richeux.
La vie trop chère, les loyers qui augmentent, les salaires qui diminuent. Les ménagères doivent faire des prodiges pour nourrir leur famille. Un jour, plusieurs centaines de femmes exaspérées par la valse des prix, se révoltent et passent les caisses sans payer. Dans cette banlieue ouvrière, l’affaire fait du bruit. Antonia, entraînée par la foule, a fait son grand marché, remplissant frénétiquement ses cabas. Elle se sauve chez elle, suivie par Margherita sa voisine geignarde, qui veut profiter de l’aubaine sans se mouiller. Antonia doit trouver un subterfuge pour expliquer à son mari ces courses exceptionnelles. Giovanni est maladivement honnête. Bon mari, bon père, ouvrier modèle, militant convaincu, il combat la misère du monde en s’enfermant dans son placard politique, sorte de chapelle ardente du parti. Antonia, en vraie Shéhérazade des banlieues, va inventer mensonge sur mensonge pour cacher son larcin. Ne sachant plus où mettre ce butin, elle dissimule un sac sous le manteau de Margherita qui se retrouve enceinte de huit mois en un clin d’œil. Mais Antonia va devoir se livrer à une surenchère du bobard le plus abracadabrant. La police est bien décidée à punir ces femmes. Perquisitions, arrestations arbitraires, le quartier frémit. Antonia a mis le doigt dans l’engrenage du mensonge et entraîne son entourage dans une spirale échevelée.
Le chômage, la hausse des prix, la pauvreté, tous ces sujets sont malheureusement inusables. En 1974, Dario Fo écrit Non si paga ! Non si paga ! pour stigmatiser «le scandale du coût de la vie». Comédie virulente, Faut pas payer pourrait être un credo, un manifeste sur notre époque, tant les résonances sonnent trop familièrement à nos oreilles.
Jacques Nichet a choisi de monter la dernière mouture de la pièce comme une comédie échevelée qui prend ses sources dans le burlesque mâtiné de Commedia dell’Arte. La pièce est un marathon. Pour que le spectacle tienne la route, il faut des comédiens, véritables athlètes de la course à obstacles. Marie-Christine Orry mène le bal avec sa truculence habituelle et, de Pierre Baux à Dominique Parent, tous les comédiens se démènent avec une énergie revigorante pour ce spectacle tourbillonnant. Mais le rire de Dario Fo ne doit pas faire oublier que les sujets sont d’une cuisante actualité. Jacques Nichet s’est entouré d’une équipe technique qui de la scénographie aux costumes nous plonge dans les années de plomb des années soixante-dix et restitue une farce sociale virulente et salvatrice. Théâtre Nanterre-Amandiers 92. Pour voir notre sélection de diapositives, cliquez ici.


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