FAUST

Article publié dans la Lettre n° 409
du 4 janvier 2017


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FAUST de Goethe. Traduction de Gérard de Nerval. Adaptation et mise en scène Ronan Rivière assisté de Lucile Delzenne avec Aymeline Alix, Laura Chetrit, Romain Dutheil ou Anthony Audoux, Ronan Rivière, Jérôme Rodriguez ou Olivier Lugo, Jean-Benoît Terral. Au piano Léon Bailly ou Olivier Mazal.
Longiligne, famélique dans son ample houppelande couleur de braise, Méphistophélès vient en prologue rappeler aux spectateurs leur essentielle mortalité. Foin de toute illusion, il va leur en apporter la preuve vivante…et mortelle. Le ton est donné. Au milieu de ses vieux grimoires et autres plans, le docteur Faust déploie un cynisme incurable sur tout ce qui a animé sa longue vie de savant, lorsque survient, plein d’admirative flagornerie, un disciple en manque de maître, auquel Faust oppose ses sarcasmes. Au moment où la fiole perverse dénouerait cette désespérance, Méphistophélès survient en lui offrant une échappée vers la jeunesse et l’enthousiasme recouvrés. Faust ragaillardi tombe amoureux, rêve avec Marguerite d’échappée libératrice, jubile de rire et d’insouciance. Mais son diabolique mentor veille à ses trousses. La belle-mère trépassera, la délicieuse amante y perdra raison et enfant jusqu’à l’échafaud.
Pour donner à voir cette montée de sève et de désir et la chute vertigineuse, la mise en scène recourt à la métaphore d’un décor en arcature de cathédrale qui, dans sa permanence protéiforme, évoque l’envolée des cœurs amoureux vers les lueurs célestes de la pureté avant de se refermer sur le sacrilège et l’abomination du crime. Noirceur et fulgurances, ténèbres et flamboiement d’enfer. Les acteurs montrent avec souplesse et acrobatie les aléas de ce pacte terrible en clair-obscur, alternant l’humour et les rires de gaieté et de légèreté avec les sanglots du désespoir. Méphistophélès est d’autant plus inquiétant qu’il apparaît étonnamment humain, presque avec humilité et bonhomie. Et le spectacle baigne dans des sautes lumineuses, scandées par les accords et modulations du piano, entre envolées romantiques et cordes heurtées et grinçantes. Tous ces contrastes entretenus ne laissent personne en repos, le mythe faustien est revivifié dans un dépouillement saisissant. A.D. Théâtre Le Ranelagh 16e.


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