ENTRE-TEMPS, J’AI CONTINUÉ À VIVRE

Article publié dans la Lettre n° 362
du 30 décembre 2013


ENTRE-TEMPS, J’AI CONTINUÉ À VIVRE. Texte et mise en scène de Jacques Hadjaje avec Isabelle Brochard, Anne Didon, Guillaume Lebon, Delphine Lequenne, Laurent Morteau.
Flonflons et fanfare, l’harmonie municipale scande la fête dominicale d’une petite ville minière à laquelle les luttes syndicales n’ont pas évité la reconversion en Planète Enchantée… D’enchantée elle n’en a que le nom, tant est menaçant le gouffre du gruyère sous les pieds qui le foulent. Enfin, ceux qui n’ont pas tenté la survie ailleurs, ceux qui s’essoufflent au rythme de leur course, de leurs insomnies et de leurs lâchetés, de leur cœur en vrac. Trous du sol, galeries en fuite de mémoire. Même les revenants d’un jour traînent derrière eux des réminiscences sans salut.
Frères et sœurs pleurent et rient entre conflits et nostalgies, les amoureux taisent la trahison ou cachent la pudeur de leurs blessures derrière les oreilles ridicules du lapin de foire, les filles esquissent la violence de leurs enfances mises à sac par des pères, vrai salaud ou faux héros.
Par couples successifs et alternés, sur le seul ring de leurs pugilats, les cinq acteurs, tous excellents, donnent à voir l’ineffaçable mal-à-vivre de ces laissés-pour-compte de la modernité industrielle, de l’existence ordinaire.
On est rieur, ému, bouleversé, devant la simplicité si complexe des vies entrebâillées, de ces tentations de survivre comme si, qui renvoient à la dérision généralisée, à l’impossible oubli. Au-delà du plaisir, le théâtre remplit ici sa mission de nécessité. Le Lucernaire 6e. A.D.


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