EN ATTENDANT BOJANGLES

Article publié dans la Lettre n° 448
du 14 février 2018


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EN ATTENDANT BOJANGLES d’après le roman d’Olivier Bourdeaut. Adaptation et mise en scène Victoire Berger-Perrin avec Anne Charrier, Didier Brice, Victor Boulenger.
Nuit et jour, le même vinyle de Nina Simone, et la même chanson, « Mister Bojangles », tournait sur le vieux tourne-disque dans l’appartement bourgeois de ce fils unique qui regardait de ses yeux éblouis sa mère évoluer en rythme, belle comme la nuit dans des robes toutes plus excentriques les unes que les autres. Georges, son père, finissait par prendre son épouse dans ses bras et ils se fondaient ensemble dans le slow de cette musique « belle, dansante et mélancolique ». Il était chaque jour plus épris de cette drôle de petite personne qu’il n’appelait jamais par le même prénom. Il avait fait sa connaissance lors d’une sorte de séminaire offert par son banquier dans un palace de la Côte d’Azur. Elle avait été séduite par les histoires à dormir debout que cet homme racontait sur sa vie avec désinvolture à une assistance sous le charme et qui ressemblait diablement, lui dit-elle, à un cavalier prussien dont le portrait trônait au-dessus de sa cheminée. Lui avait été conquis par cette jeune femme dont l’humour dévastateur cachait sans aucun doute un passé douloureux. Ils avaient accompli à la sauvette une cérémonie de mariage atypique dans une petite chapelle rencontrée sur la route de leur fuite amoureuse et ne s’étaient plus quittés. La naissance d’un fils fut pour Georges l’accomplissement d’un amour qu’il devait en tout point protéger. Très vite retiré d’un système scolaire que ses parents jugeaient inadapté et les empêchaient de vivre à leur guise, l’enfant reçut à la maison l’enseignement que son père jugeait bon de lui dispenser. Ce furent des années de folie douce, Mademoiselle Superfétatoire, le perroquet, suivant bravement les événements, le courrier jamais ouvert s’entassant dans un coin, et « Elle », elle surtout, qui organisait des fêtes et des soirées mémorables où elle brillait de mille feux. Mais survint le jour fatidique où un homme pâle et droit dans ses bottes s’encadra dans la porte d’entrée, leur signifiant que la vie et ses devoirs étaient là, même s’ils l’avaient oublié. Ce fut alors pour ce trio fusionnel une lente descente aux enfers, laissant au fils le souvenir émerveillé d’une enfance entachée d’un insurmontable chagrin.
La mise en scène fait virevolter les trois comédiens dans un décor et des costumes qui collent parfaitement à l’histoire. Ils distillent le sel du roman qu’ils « feuillettent » avec un ostensible bonheur, malgré des coupes, certes nécessaires mais un peu trop nombreuses. Anne Charrier, Didier Brice et Victor Boulenger ne trahissent pas un seul instant cette mère insane, ce mari et père fou d’amour et cet enfant joyeux, abandonné si tôt, fabuleux conteur d’une « histoire vraie, avec des mensonges à l’endroit, à l’envers, parce que la vie c’est souvent comme ça ». M-P. P. La Pépinière Théâtre 2e.


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