LE CORPS DE MON PÈRE

Article publié exclusivement sur Internet avec la Lettre400
du 10 octobre 2016


LE CORPS DE MON PÈRE de Michel Onfray. Mise en scène et interprétation Bernard Saint Omer.
Un père taiseux, homme de la main et du corps. Son fils, quant à lui, est voué au maniement de la parole et du concept. Deux continents apparemment antipodiques, et tant de choses à dire, tant de sentiments tus. Le creuset de la rencontre, de la compréhension, c’est le corps en mouvement, dans l’efficacité du travail bien fait. Le fils exprimera l’ampleur de son admiration en faisant l’expérience déconcertante de la parole retenue et parcimonieuse, en entrant sensuellement dans le silence du père. Magnifique expérience qui est ainsi donnée à voir, entendre, humer, déguster par toutes les perceptions sensorielles. Le spectateur est convié à un festin de pain chaud, d’étincelles de soudure, de sifflement de l’arc tendu sur la flèche qui fuse, de silence et d’obscurité. Et son imagination est constamment sollicitée en concert de la métaphore du corps, celui-ci vrai, dense, tangible, de Bernard Saint Omer, celui-là métaphorique et sculpté dans des objets à peine détournés de leur usage coutumier.
Et la parole de Michel Onfray, narrative et poétique, décrit avec émotion et insigne pudeur sa tendresse ineffable  pour la figure paternelle qui l’a fait ce qu’il est. Le geste s’entrelace aux mots, les vêtements muent au gré des phases de la narration, les mains pétrissent la pâte. Et, dans ce levain de farine et d’évocation, de gestes adéquats et de paroles bien en bouche, s’élabore la gestation d’un moment de grâce dont on s’éveille rassasié.
Comme une évidence. A.D. Théâtre de l’Essaïon 4e.

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