LES CONJOINTS

Article publié dans la Lettre n° 329
du 19 septembre 2011


LES CONJOINTS de Éric Assous. Mise en scène Jean-Luc Moreau assisté de Anne Poirier-Busson avec Jean-Luc Moreau, Anne Loiret, José Paul, Anne-Sophie Germanaz.
Xavier et Delphine ont rencontré par hasard Bob et Armelle le soir de leurs deux mariages, un hasard heureux puisque des liens d’amitié solides se tissent entre les deux couples depuis quinze ans, des liens que rien ne saurait détruire si ce n’est un divorce. Mais si Xavier « est solidement amarré à sa femme » par une corde qui ne cassera pas, il n’en est malheureusement pas de même pour Bob et Armelle dont la séparation est devenue inévitable. Delphine soutient Armelle et rejette la faute sur Bob. Pour elle, Bob « jette » Armelle comme un vieux kleenex pour la remplacer par une jolie trentenaire. « On n’a jamais vu une femme quitter son conjoint pour déclin esthétique » ! Lorsque Xavier informe sa femme qu’il a invité Bob avec la remplaçante d’Armelle, la réaction de Delphine est à la mesure de son exaspération. Par amitié pour son amie, elle refuse de recevoir Bob flanqué de Garance, la nouvelle conquête. Sa colère tourne à la stupeur lorsque Xavier lui apprend que c’est lui qui a présenté Garance à Bob.
A la faveur des nombreux retours sur des événements passés, les zones d’ombre de leur histoire commune apparaissent alors avec ses vérités et ses mensonges.
Après Le technicien, l’Illusion conjugale, Les hommes préfèrent mentir, Éric Assous poursuit son thème de prédilection, les relations de couple, qu’il dissèque, et pose certaines questions: Quelle est la part de l’amour et celle de l’argent dans un couple ? Peut-on tout acheter ? Une fille « marche-t-elle au fric » ou surestime-t-on le pouvoir de l’argent ? Un couple doit-il tout se dire, avec les conséquences que la vérité implique, ou doit-il se préserver un jardin secret en taisant certaines choses ou en mentant ?
L’auteur nous enchante une fois de plus avec cette nouvelle comédie d’une construction sans faille que le décor fort bien conçu de Charlie Mangel met parfaitement en valeur. Jean-Luc Moreau, toujours très inspiré par l’écriture d’un auteur avec lequel il travaille depuis des années, crée une mise en scène dynamique d’une grande précision qui esquive avec art l’écueil des retours en arrière et interprète le rôle de Bob avec un naturel consommé. Les répliques fusent, acerbes et pleines d’humour. De tels dialogues sont un vrai bonheur pour les comédiens, véritables virtuoses se jouant des petites phrases assassines. José Paul est particulièrement brillant. Théâtre Tristan Bernard 8e.


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