CONFIDENCES TROP INTIMES

Article publié dans la Lettre n° 267


CONFIDENCES TROP INTIMES. Texte Jérôme Tonnerre. Mise en scène Patrice Leconte avec Jacques Gamblin, Mélanie Doutey, Marilyne Canto, Alain Rimoux.
Conseiller fiscal, William Faber vit dans un appartement qui lui sert de bureau depuis quarante ans. Rien n' a changé depuis la mort de ses parents. Il n’a eu qu’à se glisser dans la profession de son père. Petit, il rêvait pourtant d’aventures. Une femme est venue quelques années partager sa vie mais lorsque Jeanne s’en est allée trouver dans les bras très musclé d’un prof de sport ce que son mari ne lui donnait pas, il ne l’a pas retenue. Ils ne se sont pas quittés fâchés. Elle revient de temps à autre partager un repas et un instant d’intimité amoureuse, en somme, ces petits moments qui auraient dû forger leur union au lieu de les séparer. Rien ne devait troubler l’existence routinière de William, si ce n’est un coup frappé à la porte. Une jeune femme, très troublée entre, dit avoir pris rendez-vous puis s’installe et commence à déballer sa vie personnelle devant William. Il n’en est pas autrement surpris. Avant d’en venir aux problèmes financiers, ses clients s’attardent souvent sur ceux plus personnels. Mais à mesure qu’Anna s’explique entre les larmes qu’elle ne parvient pas à contenir, il se rend compte qu’elle s’est tout simplement trompée de porte. Celle d’à côté est celle du Docteur Monnier, le psychanalyste chez qui elle avait effectivement rendez-vous. Elle s’éclipse avant qu’il ait eu le temps de lui expliquer sa méprise. Elle a repris rendez-vous. Il a accepté mais se jure de lui faire part de son erreur la prochaine fois. Il n’en fera rien, car au long de ces tête à tête, il va être de plus en plus hypnotisé par cette jeune femme qui lui confie ses secrets les plus intimes. Obnubilé par un mari qu’elle craint de perdre, elle ne se rend pas compte des ravages qu’elle produit dans le cœur de William. Une relation étrange va alors se créer entre eux, à la faveur de ces confidences trop intimes.
Jérôme Tonnerre, scénariste, avait écrit Confidences trop intimes pour le cinéma. Patrice Leconte en avait fait un film délicieux avec comme têtes d’affiche Sandrine Bonnaire et Fabrice Luchini. Le scénariste et le cinéaste ont continué l’aventure en adaptant et mettant en scène l’oeuvre pour le théâtre. A la faveur de petites scènes, ils recréent l’ambiance de ces entretiens en une suite d’échanges très courts entre les personnages. L’écriture et le style se prêtent merveilleusement à ces dialogues brefs mais tous très intenses, où l’auteur mêle savamment l’émotion et l’humour, grâce à des jeux de mots très travaillés et des réflexions perspicaces. Le choix des deux comédiens principaux est excellent. Jacques Gamblin met au service de son personnage son tempérament lunaire et son allure aérienne, lui conférant une retenue et une finesse de jeu remarquables. Face à lui, Mélanie Doutey exprime à merveille sa candeur et sa spontanéité dénuée de complexes, elle est tout simplement divine. Marilyne Canto apporte son formidable métier au rôle de Jeanne, forte en apparence mais si fragile au fond. Alain Rimoux, campe quant à lui un psychanalyste plus vrai que nature, exploitant avec un art consommé le comique de son rôle, sans caricature. Un travail d’écriture fin, délicat et intelligent, magnifiquement mis en valeur par la mise en scène et l’interprétation. Théâtre de l’Atelier 18e.


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