LE COMIQUE

Article publié dans la Lettre n° 290


LE COMIQUE de Pierre Palmade. Mise en scène Alex Lutz avec Pierre Palmade, Delphine Baril, Anne-Elisabeth Blateau, Noémie de Lattre, Bilco, Sébastien Castro, Jean Leduc, Arnaud Tsamere.
Pierre Mazar est touché par un mal courant chez tout écrivain: le syndrome de la page blanche. Cette panne d’inspiration est-elle due à sa vie dissolue ou est-ce sa vie dissolue qui est la cause de la panne ? Là n’est pas la question, le résultat parle de lui-même et est d’autant plus angoissant qu’il ne lui reste qu’un mois avant la première de son nouveau spectacle. Sa dernière rupture, assez bruyante, « fait débat » dans l’immeuble et monsieur Godin, le gardien, tente de profiter de la situation car il est amoureux de Babeth, l’assistante de Pierre. Tout en éconduisant pour la énième fois monsieur Godin, celle-ci se fait du souci. Elle ramasse les bouteilles vides éclusées durant la nuit et s’inquiète : « Vous avez bu tout cela à deux ? » La réponse est déconcertante : « Non, il ne buvait pas, lui ! » Elle lit aussi les journaux à scandales dont il est la cible et voit les jours défiler et son Pierre s’enfoncer davantage dans l’ébriété et l’hébétude. Delphine, la sœur, débarque furieuse: « Ce n’est pas très facile de s’appeler Mazar quand on est prof ». Le frère faisant la une des journaux people, son autorité auprès de ses élèves s’en ressent. Arnaud, l’ami de toujours est, quant à lui, plus préoccupé de s’attacher la notoriété de son célèbre copain pour son premier spectacle, que de lui apporter une aide efficace. Ignorant l’inquiétude ou la contrariété de son entourage, Pierre n’a qu’une idée en tête après sa fameuse rupture : se connecter sur Réseau Gay pour trouver un remplaçant. Babeth a alors une idée, engager quelqu’un pour palier à la panne, un nègre en quelque sorte. Elle donne rendez-vous à Alexis Aben que Pierre éconduit avec fracas. Apparaît alors Noémie Rivière, une journaliste venue interviewer le grand homme. Si l’entretien s’interrompt, il n’en va pas de même pour l’enregistrement du magnétophone qu’elle oublie en partant. Elle revient le chercher et l’article qui en découle est pour le moins préoccupant. Tout le monde se mobilise. Pierre est d’abord surpris par l’agitation générale : « Qu’est ce qui se passe, c’est une embuscade? On dirait Les Oiseaux d’Hitchcock », puis conscient : « Boire ou écrire, il faut choisir ! » Et c’est urgent. A moins d’un mois du soir fatidique « il faut qu’il se mette au vert ». Mais où ? Monsieur Godin a, pour une fois, une idée de génie...  
Son talent de comique porte depuis plus de vingt ans Pierre Palmade au sommet de la célébrité. Son parcours en tant qu’auteur et co-auteur est impressionnant, les distinctions attribuées amplement méritées. On se souvient entre autres de Pierre & fils (Lettre 262), pièce co-écrite avec Christophe Duthuron, et mise en scène par ce dernier en 2006. Avec Le Comique, il signe une comédie très librement inspirée de sa vie et soulève les thèmes qu’il affectionne : l’amour, l’amitié, l’homosexualité, la famille, la célébrité, l’âge. Elle est aussi un prétexte pour jouer avec la troupe d’acteurs avec lesquels il travaille depuis deux ans. Les bons mots, les situations loufoques abondent dans ce spectacle drôle et divertissant, qui a pour cadre deux jolis décors, mais qui s’éternise un peu. Il fallait trouver un rôle pour les sept compères, ils n’étaient peut-être pas tous indispensables. Théâtre Fontaine 9e.


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