COMEDIE SUR UN QUAI DE GARE

Article publié dans la Lettre n° 182


« COMEDIE SUR UN QUAI DE GARE » de Samuel Benchetrit. Mise en scène Samuel Benchetrit avec Marie Trintignant, Jean-Louis Trintignant, Patrick Lizana et la voix de Nicole Garcia.
Trois voyageurs sont assis sur les bancs d’un quai de gare de province. La douceur du soir invite au bavardage. Charles, le plus âgé, interpelle Vincent, le plus jeune. Entre les deux, Michelle, imperturbable, est plongée dans la lecture de Don Quichotte. Charles incite Vincent à aborder Michelle. Timide, indécis, celui-ci hésite, malgré l’intérêt qu’il porte à la jeune femme. Il ne sait pas encore que Michelle est la fille de Charles. Dans l’attente du train pour Paris, trois vies vont s’étaler là, dans l’anonymat d’une gare, trois destins se lier. C’est une jolie pièce qui au premier abord n’a l’air de rien. L’une de ces pièces d’aujourd’hui, dotée d’un sens certain de l’observation, aux dialogues décalés et insolites, pleins d’humour et de dérision. Elle n’a l’air de rien, tout comme la mise en scène simple sans esbroufe, dont la seule originalité consiste à donner la parole au haut-parleur qui va s’immiscer dans le dialogue des voyageurs. Peut-être serions-nous passés à côté si les comédiens n’étaient autres que Marie et Jean-Louis Trintignant. La pièce semble avoir été écrite pour eux tant ils se coulent dans les personnages de Charles et de Michelle. Jean-Louis Trintignant, imprévisible, drôle, émouvant, puise dans la gibecière de ses souvenirs pour incarner ce père qu’il a été pour Marie. Elle, face à lui, s’impose, charmeuse, ingénue, avec ce petit rien de provocant qui appartient à ceux qui se sentent aimés et qui ont toute leur jeunesse fait provision de tendresse et d’amour pour le cas où. Patrick Lizana donne magnifiquement la réplique à ces deux grands comédiens, campant un personnage sympathique, un peu naïf, dont la franchise et le manque d’amour seront les meilleurs atouts. Leur présence garantit sans doute une partie du succès de la pièce. Mais, quoiqu’il en soit, du haut de ses vingt-six ans, Samuel Benchetrit évoque avec beaucoup d’esprit et de légèreté des sujets aussi graves que la vieillesse et la solitude, et parle avec une grande maturité de l’amour et de la tendresse. Et ce talent-là, personne ne lui disputera. Théâtre Hébertot 17e (Lettre 182).


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