COCO PERDU

Article publié dans la Lettre n° 213


COCO PERDU de Louis Guilloux. Mise en scène Stéphane Bierry avec Etienne Bierry.
Fafa a décidé d’aller faire un tour à Paris. Sur le chemin de la gare, elle a tenu à poster elle-même une lettre comme si elle voulait en cacher le destinataire. Coco en a été tout intrigué. Seul avec lui-même sur le quai, il fait contre mauvaise fortune bon coeur. Le voici célibataire pour quelques jours, de quoi mener la grande vie! « Te v’là veuf, alors tu vas faire la foire! » lui a lancé un ami de rencontre. Coco a hoché la tête en riant sans en être bien sûr. Car entre les quatre murs du gentil pavillon à la campagne où ils se sont installés à la retraite de Coco, au lieu de rester à Paris, le vieil homme tourne en rond, remuant ses souvenirs, soliloquant sur une gentille petite vie sans éclat, sans joie ni peine, désespérément plate, avec une gentille petite femme. Les incursions au restaurant, au café, au lieu de le distraire, ne font qu’augmenter sa solitude. Et puis il y a cette lettre. Un doute vite chassé lui vient à l’esprit. Coco guette le facteur. Elle va écrire. C’est alors qu’il découvre la preuve irréfutable de la désertion. Il lui faut se rendre à l’évidence: Fafa est partie pour toujours. Aux souvenirs évoqués succède l’incompréhension. Une question fondamentale mais sans réponse se pose:« Comment en sont-ils arrivés là? ».
Avec la complicité de son fils Stéphane qui sait mieux que quiconque diriger son père, Etienne Bierry s’attaque à ce monologue de Louis Guilloux, anodin au premier abord. Il parvient avec son talent coutumier à en extraire tout le charme et l’émotion. Allant et venant sur scène, pantalon de velours et imper depuis longtemps faits à son corps, occupant l’espace comme s’il arpentait sa propre demeure, il incarne avec un parfait naturel ce Coco perdu, désamparé et désarmant. C’est cela l’étoffe d’un grand comédien. Théâtre de Poche 6e (01.45.48.92.97).


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