CHAT EN POCHE

Article publié dans la Lettre n° 297


CHAT EN POCHE de Georges Feydeau (n°297). Mise en scène Pierre Laville avec Valérie Mairesse, Jean Benguigui, Arthur Jugnot, Jean-Marie Galey, David Macquart, Julie Wingens, David Talbot, Marianne Giraud.
Pacarel (Jean Benguigui) retiré à la campagne, c’est-à-dire à Auteuil, après s’être « enrichi dans la fabrication du sucre par l’exploitation des diabétiques », a décidé d’exister aux yeux du monde. Est-ce la décoration qu’il arbore fièrement à son revers, trouvée par terre et que le commissaire vient de lui rendre après un an et un jour ? Est-ce le désir inassouvi d’entrer en politique ? Tous l’ignorent mais le constat est là… Sa fille Julie (Julie Wingens) vient de composer un opéra d’après «Faust » «après Gounod». Il décide de le faire jouer à l’Opéra. Reste à trouver l’interprète. Un certain Dujeton, ténor brillant que veut engager l’Opéra, chante en ce moment à Bordeaux. Quoi de plus simple que de télégraphier à son ami bordelais Dufausset de l’engager en son nom, à n’importe quel prix, et de le lui envoyer afin de signer un contrat mirifique qu’il négociera ensuite avec l’illustre maison, si celle-ci, bien sûr, accepte de donner l’opéra de sa fille ? C’est alors qu’un jeune homme (Arthur Jugnot) sonne à la porte, disant venir de la part de Dufausset. Pacarel le prend bien sûr pour Dujeton, lui fait signer un contrat en or qui le lie à lui pour dix ans. Mais lorsque le jeune homme, pressé de chanter un air par le maître des lieux, entame le seul qu’il connaît, « Demeure chaste et pure...», la consternation est générale. Cette voix de fausset ne passera jamais les portes de l’Opéra ! Le télégramme resté dans la poche d’un domestique étourdi et amoureux (David Talbot), le fils de Dufausset montant à Paris et venant tout naturellement se présenter chez Pacarel de la part de son père, la méprise est claire comme le jour et va être le détonateur d’une suite de quiproquos inénarrables. Julie Pacarel, fiancée à Lanoix de Vaux (David Macquart), n’est pas plus ravie de ce fiancé empoté que celui-ci l’est d’elle. Ils vont vite s’entendre pour donner le change car Julie en pince pour le nouveau venu qui, lui, est amoureux de Marthe Pacarel (Marianne Giraud), croisée dans le tramway avant d’arriver. Lorsqu’il la voit chez Pacarel, il la prend pour Amandine (Valérie Mairesse), la femme du docteur Landernau (Jean-Marie Galey), couple qui fréquente assidument les Pacarel ! Cette deuxième méprise va précipiter la maisonnée dans une suite de situations aussi compliquées que délirantes…
A tout juste vingt-six ans, Feydeau ne fait pas dans la dentelle. Il ose tout et n’importe quoi mais le mécanisme de sa pièce est si bien huilé chez ce stakhanoviste du vaudeville, que tout passe comme une lettre à la poste. Il faut dire que la mise en scène endiablée de Pierre Laville sert particulièrement bien une fantastique distribution. Tous se donnent à plein, bien décidés à nous faire passer une soirée mémorable et ils y réussissent avec brio ! Théâtre Saint-Georges 9e.


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