CHAGRIN POUR SOI de Sophie Forte et Virginie Lemoine. Mise en scène Virginie Lemoine avec Sophie Forte, Tchavdar Pentchev, William Mesguich ou Pierre-Jean Cherer.
Il y a mieux comme cadeau de Noël ! Parce qu’il a rencontré la femme de sa vie, Alexandre quitte sans retour son épouse Pauline. Effondrée, elle sombre dans l’insomnie et l’incohérence. Survient alors Chagrin numéro 4, le parasite majuscule, la séduction réconfortante incarnée. Des tentacules de poulpe, une pesanteur quotidienne. Les jours, les mois s’égrènent, il s’incruste, le professionnel, l’esthète de la gestion du chagrin. Dégoulinant de bons conseils, de sarcasmes doucereux, de remèdes frelatés. Une vraie glu. Pauline remâche sa douleur, ne dort pas, subit ses filles, sa meilleure amie Odile la foldingue, dépense à tout-va, croule sous les dettes, s’essaie aux thérapies diverses. Nulle guérison en vue malgré la valse des maquillages et coiffures déjantés, des voyages exotiques, des robes pailletées, des folles nuits branchées. Puis, peu à peu, l’épouse délaissée rêve moins du traître, se remet à sourire, chanter, danser, écrire, jouer. Elle rit enfin à la vie retrouvée, la sienne, pas celle d’avant, non, la sienne de maintenant et de demain.
Les portes claquent, les tiroirs regorgent de trésors, les meubles roulent et s’escamotent. Les trois compères, délirants et pleins de vitalité, impulsent à cette fantaisie débridée un allant auquel on ne résiste pas. Pauline oscille entre tous les excès de ses émotions. Le Chagrin se répand, se colle, rampe et supplie. Le Troisième Homme alterne dans la jubilation tous les autres rôles, deux filles à la fois par astuce capillaire, Odile l’amie « gouroutée », les sentiments violents incarnés, etc. On chante juste, on danse gaiement.
Un petit bijou de drôlerie, de tendresse facétieuse. A.D. Théâtre La Bruyère 9e.