LE CAS MARTIN PICHE

Article publié dans la Lettre n° 392
du 8 février 2016


LE CAS MARTIN PICHE de Jacques Mougenot. Mise en scène Hervé Devolder avec Jacques Mougenot et Hervé Devolder.
Le manque de manque…. Le diagnostic est posé, le psychiatre apaisé. Oui mais ? Face à l’insondable ennui de l’un se dresse l’inépuisable curiosité de l’autre. Inapte au choix le plus véniel, inattentif au déroulé élémentaire des mots, Martin Piche bégaie son ennui, s’excuse à l’envi de ses bévues, de sa présence, de son corps, de son existence même. Le praticien, fasciné par ce cas hors norme, le traque, le harcèle dans les recoins d’une médiocrité revendiquée. Rien n’y fait, l’ennui est brandi comme bannière, comme réalité d’une vie invivable. Jusqu’à l’explosion de quelques émotions, larmes, sollicitude, inquiétude non feinte. Qui piège qui? Le duel prendra fin avec le recours au bon vieux deus ex machina, d’autant plus que les machines s’enrayent…
Car tout est théâtre ici, la scène, les acteurs, leur jeu, le clin d’œil de la mise en abîme chère aux dramaturges classiques. Hervé Devolder campe un thérapeute plein de fougue, de curiosité et d’exaspération, en contraste avec Jacques Mougenot, désopilant de maladresse, d’atermoiement, de vacuité bavarde, de résistance passive. On pourrait n’y voir qu’une facétie sur les quiproquos, l’ambiguïté des mots et de leur prononciation, la fatuité des psy, entre autres. Derrière le rire immédiat, se glisse aussi une dérision plus profonde et non moins réjouissante à l’encontre des courtoisies de façade ou de l’inanité des divertissements médiatiques.
Mais la légèreté est le maître mot de cet entrechat, où la complicité des compères est irrésistible d’humour et de vivacité sans temps mort. Ils sont décidément le remède à tout ennui ! A.D. Théâtre du Petit Montparnasse 14e.

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