C'EST PAS LE MOMENT !

Article publié dans la Lettre n° 318


C’EST PAS LE MOMENT ! de Jean-Claude Islert. Mise en scène Jean-Luc Moreau avec Jacques Balutin, Thierry Beccaro, Eliza Maillot, Morgane Bontemps, Marc Bertolini.
Lorsqu’un S.D.F se jette sous les roues de sa voiture, Frédéric profitait de l’absence de sa femme, médecin de garde à l’hôpital, pour rentrer chez lui en compagnie de Sarah, sa maîtresse. Il est trois heures du matin, l’homme est légèrement blessé mais il est hors de question de faire un constat ou de se rendre à l’hôpital. Blandine croit son mari en train de dîner avec Monsieur Schwimmer, un homme d’affaires suisse en passe de lui racheter son entreprise. Aidé de Sarah, il conduit donc Mathieu chez lui, espérant réconforter le malheureux puis s’en débarrasser. Ce que Frédéric ignore totalement c’est que Mathieu est loin de lui être inconnu. Ce banal accident, en réalité manigancé par cet homme en apparence inoffensif, va littéralement bouleverser sa vie. Sarah s’éclipse, Blandine faire alors irruption dans le salon à la grande surprise de Frédéric. Souffrante, elle s’est fait remplacer et dormait. Un premier mensonge le tire provisoirement d’affaire, très provisoirement, car Mathieu va veiller à que tout se passe très mal !
Jean-Claude Islert remet une fois de plus sur le métier un thème cher à ce genre de comédie: les affres dans lesquels se jette lui-même un mari infidèle pour se tirer d’embarras. Mais il corse l’affaire en introduisant un personnage hostile qui va tout faire pour qu’à chaque mensonge le mari s’enferre davantage. C’est ici que nous reconnaissons le talent de l’auteur. Sa comédie très bien écrite, dont les dialogues débordent de trouvailles, ne comporte pas une faille. La machine infernale poursuit inexorablement sa route jusqu’à la catastrophe finale.
La pièce est une aubaine pour Jean-Luc Moreau rodé à ce genre et dont la mise en scène trépidante est très efficace. Il la place dans un décor bien pensé, servant remarquablement les répliques. Très à l’aise, les comédiens n’ont à aucun moment le temps de reprendre leur souffle, les scènes se succédant au rythme soutenu des mensonges en cascade. Ils ont parfois même quelques difficultés à cacher leur fou rire, tant le partenaire qui leur fait face est irrésistible. Jacques Balutin, depuis longtemps passé maître dans l’art, est un Mathieu hilarant qui exploite bien le machiavélisme de son personnage, manipulant son entourage avec une incroyable dextérité. Thierry Beccaro, Frédéric complètement débordé par ses mensonges, excelle. Morgane Bontemps se montre très crédible en Sarah furieuse d’avoir été trop longtemps bercée d’illusions. Marc Bertolini, impayable Schwimmer, joue fort juste les hommes d’affaires suisse. Quant à Eliza Maillot, elle aussi rompue à ce genre de rôle, elle interprète à merveille une Blandine terriblement logique et impitoyable. Il est bien rare en effet dans ce genre de comédie qu’une femme ne pardonne pas ! Théâtre Saint-Georges 9e.


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