LES AMBITIEUX

Article publié dans la Lettre n° 386
du 5 octobre 2015

LES AMBITIEUX de Jean-Pierre About. Mise en scène Thomas Le Douarec avec Thomas Le Douarec, Nathalie Blanc, Marie Le Cam, Gautier About, Julien Cafaro.
Quand l’ambition est au cœur du désir, elle est dénuée de tout scrupule. Celle de Daniel est satisfaite. Il est le Président d’une entreprise florissante. Seule ombre au tableau, celle-ci appartient à sa femme Martine et il s’avère de plus en plus compliqué de ménager une épouse qui veille au grain, en lui cachant des liaisons qu’il poursuit assidûment avec son personnel féminin, surtout lorsque ses conquêtes le préoccupent davantage que la gestion de l’entreprise. Ces jours-ci, sa tâche consiste à licencier Anne, l’une de ses employées et maîtresse, pour complaire à Béatrice, la dernière en date qui n’a pas froid aux yeux et cela, autant que possible, sans faire de vagues. Il sait qu’au moindre licenciement, Antoine, l’employé syndicaliste, déclenche une grève, ce qui contrarie Martine au plus haut point. Entre Daniel et Antoine, les discussions serrées et les compromis vont bon train. Anne et Béatrice partagent le même bureau avec Philippe, un employé aussi transparent qu’absentéiste. On saura plus tard que ses absences servent grandement les intérêts de l’entreprise… Tout ce petit monde intrigue, s’épie et se tire dans les pattes au gré des événements et surtout selon ses capacités à nuire à son prochain. Tous rivalisent d’idées inavouables et certains agissent même dans un but bien plus machiavélique.
Jean-Pierre Abou, ancien directeur général d’Air Inter, a passé sa vie dans le monde de l’entreprise. Connaissant tous les rouages d’un univers sans pitié où chacun court sans aucun état d’âme après le poste convoité, le sujet lui a inspiré plusieurs pièces. Avec Les Ambitieux, il touche le fond de l’ignominie et du cynisme, menant d’un train d’enfer une intrigue dont les rebondissements se succèdent avec une implacable logique jusqu’à un épilogue inattendu.
Au fond de la scène un couloir, séparé par une vitre propice à des jeux de scène amusants, stimule l’action. Au centre, le bureau des employés donne sur le bureau du président. Une simple porte garantit une certaine intimité et permet des va-et-vient ultra-rapides.
Le décor va à l’essentiel, comme la mise en scène orchestrée par Thomas Le Douarec, truculent en Président omniprésent, mais dont l’omnipotence aura ses limites. Nathalie Blanc est parfaite en vamp perfide, Marie Le Cam irrésistible en employée nunuche. Gautier About interprète un employé discret très drôle et Julien Cafaroun syndicaliste redoutable tout à fait crédible. Théâtre 14 14e.

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