LES AMANTS DE LA COMMUNE

Article publié dans la Lettre n°544 du 30 mars 2022


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LES AMANTS DE LA COMMUNE de Laurent Seksik avec la collaboration d’Antoine Mory. Mise en scène Géraldine Martineau. Avec Isabelle Carré et Pierre Deladonchamps.
On appelle cela le hasard ou le destin. Cette rencontre entre une domestique et un capitaine de l’armée de l’Empereur Napoléon III n’aurait jamais dû avoir lieu. Le coup de foudre aurait cependant pu s’épanouir, malgré les convenances et une société corsetée, si l’époque s’y était prêtée. Malheureusement, en juillet 1870, ils se trouvent de chaque côté d’une barricade qu’ils tenteront en vain de renverser. Lui part pour la guerre contre les prussiens et sera fait prisonnier à Sedan après une cuisante défaite. Elle va militer pour la Commune, cet espoir fou des lendemains chantants.
Alors ils s’écrivent, et l’on se demande comment tant de missives peuvent parcourir tant de lieues entre Paris en état de siège et les geôles prussiennes. Il la met en garde contre les dangers qu’elle encourt, elle persiste dans ses idées révolutionnaires tout en le suppliant de revenir vivant. Ces lettres sont autant de bouteilles à la mer, de pigeons voyageurs qui tissent tout d’abord les liens de l’amour mais qui, peu à peu, vont les délier puis les rompre à force d’opinions contraires, jusqu’à ce que la haine l’emporte pour elle, avant de la renier trop tard.
Isabelle Carré est Ariane, cette jeune femme ardente, née dans un taudis, domestique chez une bourgeoise qui lui confie sa bibliothèque et par là même l’instruit. Elle entrevoit dans la commune et la déclaration des droits universels une liberté qui l’affranchirait des ordres de Madame et lui permettrait d’offrir un avenir décent à l’enfant à naître. Elle fréquente Louise Michel et monte sur les barricades. Dans un Paris assiégé où la famine s’installe, il ne reste plus un animal vivant y compris les rats.
Pierre Deladonchamps est le valeureux capitaine qui tente deux fois de s’évader. Enfin libéré par les prussiens, il reçoit l’ordre de marcher sur Paris avec ses hommes et de faire de la capitale un enfer en écrasant la Commune. Mais où s’arrête l’idéal de placer l’amour de la patrie au-dessus de son amour pour une jeune femme qui porte son enfant ?
De cette idylle il ne restera que quelques traits du père dans ceux du fils et dix ans de bagne à subir. Ces deux mois d’embellie ne seront plus pour elle qu’un tendre souvenir blotti dans sa mémoire, un bref rayon de soleil dans l’eau glacée de la défaite et des désillusions.
Une mise en scène originale pour un face à face réaliste et poignant, interprété de façon remarquable.  M-P P. Théâtre Antoine 10e.


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