ADAM, EVE ET DESCENDANCES

Article publié dans la Lettre n° 262

ADAM, EVE ET DESCENDANCES de Pascal Bancou. Mise en scène Xavier Lemaire avec Isabelle Andréani, Xavier Lemaire.
Adam s’ennuie au paradis. L’Eden, c’est très surfait. Et Dieu créa la femme, Ève en l’occurrence. Jouer à cache-cache dans le jardin des Hespérides, c’est beaucoup plus rigolo. Ils croquent à pleines dents dans tous les plaisirs du paradis, même dans l’interdit. Dieu est très susceptible. Grand-papa Adam et grand-mère Ève sont mis à la porte du paradis, ils vont peupler la terre. Nous sommes tous les arrière-arrière-arrière-petits-enfants d’Adam et Ève. Leur descendance a connu les vicissitudes de l’amour contrarié, tant il est vrai que la société, la religion, la famille, enfin toutes ces institutions, ont réprimé les élans, les ébats, les penchants du cœur et du corps. Il fallait bien perpétuer l’espèce en respectant les dogmes, mais le facteur Amour, ce petit grain de sable a fait basculer la balance de la raison, allant jusqu’à déclencher des guerres. Eh oui ! La belle Hélène est fille d’Ève.
Pascal Bancou a fait un gros travail de recherche, un savant compromis d’archéologie, de généalogie et d’une fantaisie communicative pour nous présenter la descendance directe de ce couple mythique à travers les âges. En soixante-quinze minutes, nous assistons à un panorama de l’amour depuis les temps bibliques en passant par les premiers chrétiens, le Moyen-Âge, l’inquisition, le siècle des lumières, jusqu’en 2041. Le pari est relevé haut la main par Xavier Lemaire et Isabelle Andréani, dignes successeurs d’Adam et Ève. La pièce est hautement pédagogique. Savez-vous que le vrai nom de Roméo est Adamo, que Sigmund Freud était amoureux d’Ève? Le spectacle est un marathon avec étapes. À chaque étape, pardon, à chaque époque, les deux comédiens, à la fois machinos et habilleurs, changent les éléments du décor et des costumes, nous plantant un décor stylisé. Pascal Bancou a travaillé son style pour chaque époque. Sa version des «Liaisons dangereuses» a dû rendre fou de jalousie Choderlos de Laclos! Isabelle Andréani est la femme dans tous ses états. Elle est gourmande, pétillante, sensuelle et tellement drôle. Xavier Lemaire, l’homme qui verra son destin changer grâce à la science en 2041, a donné à sa mise en scène un rythme effréné et drolatique. C’est drôle, enlevé, réussi, un petit bonheur. Théâtre Essaion 4e.

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