À FLANC DE COLLINE

Article publié dans la Lettre n° 357
du 23 septembre 2013


À FLANC DE COLLINE de Benoît Moret. Mise en scène Julien Sibre avec José Paul, Didier Brice, Caroline Maillard, Benoît Moret.
Une maison à flanc de colline. Le lointain fracas des vagues sur la grève, accompagné du traditionnel cri des mouettes affamées, révèlent le lieu géographique. Ceci dit, à moins d’être aveugle, la déco de la salle de séjour ne laisse aucun doute, et, à moins d’être sourd, la sonnette balaye la dernière incertitude. A flanc de fauteuil, le spectateur ébahi pourrait, sans s’ennuyer, laisser errer son regard sur les objets savamment exposés durant l’heure quarante que dure le face à face entre des personnages qui, au premier abord, n’ont rien d’exentrique. Albert, le propriétaire des lieux, a loué le temps d’un week-end sa demeure à deux personnes plutôt surprises de se retrouver là : un père et son fils. Pourquoi sont-ils revenus dans cette maison après tant d’années ? Que cherchent-ils ? Selon l’auteur, chacun a un objectif qu’il compte atteindre à tout prix.
Le boulot du spectateur est de comprendre leurs raisons, de suivre leur raisonnement, d’en mesurer les conséquences et d’en rire si possible. Là, la magie opère grâce à des idées loufoques, à une mise en scène délirante et au talent des comédiens. Didier Brice campe un Albert hallucinant, que ses adversaires auraient tort de sous-estimer. Le père, face à ce propriétaire que rien n’arrête, et surtout pas le ridicule, s’adapte, feint et feinte avec plus ou moins d’adresse, en inventant n’importe quoi. José Paul dans ce rôle est bleuffant. Passé maître dans l’art de l’impassibilité, il parvient à rester de marbre devant les élucubrations pourtant tordantes de Didier Brice. Seul son regard frise de temps en temps ! Caroline Maillard, voisine irascible, met adroitement son grain de sel. Benoît Moret, dans le rôle du fils, sait où il va, du moins on peut le penser, c’est lui l’auteur ! Il signe une comédie un peu trop prévisible qu’il aurait pu rendre plus originale en exploitant davantage le titre et en s’inspirant un peu moins d’une pièce d’anthologie sur un passe-temps qui a fait sa célébrité. Théâtre Tristan Bernard 8e. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici


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