VOLS EN PIQUÉ ..., d’après Karl  Valentin. Mise en scène Sylvie Orcier et Patrick Pineau. Avec Nicolas Bonnefoy,  Nicolas Daussy, Philippe Evrard, Nicolas Gerbaud, Aline Le Berre, Fabien  Orcier, Eliott Pineau, Laurent Pineau Orcier, Franck Séguy. 
                  Un cabaret music-hall, dont les tables sont  occupées par les spectateurs. Sur la scène, un improbable avion plus ou moins  démontable tente de décoller tout moteur pétaradant. Fort heureusement, la  tentative avorte pour le plus grand soulagement des premiers rangs ! Ainsi  est donné le ton d’une inénarrable noria de saynètes toutes plus  « improvisées » les unes que les autres. Les musiciens scandent les  acrobaties, les hommes se travestissent en femmes, la danseuse en tutu se fait  poupée de boîte à musique, un incroyable homme à pirouettes zèbre l’espace de  ses contorsions. La femme que son mari scie chaque jour s’épanche en  lamentations et en ardeur amoureuse à l’égard des acrobates du cirque. Le  sinistre facho promène au bout d’une canne la tête inquiétante d’un cochon aboyeur  en terrorisant le jeune couple prêt à convoler. Pendant ce spectacle aussi  animé, hétéroclite que déjanté, des nourritures sont servies aux spectateurs.  La musique y est omniprésente, clarinette, piano, accordéon, chansons d’époque,  cordes diverses, une section rythmique, une inattendue scie musicale. La palme  de ce festival joyeux revient à un « concerto » pour animaux en  caoutchouc que ponctue le crissement des cracottes préalablement distribuées  aux spectateurs invités à les déguster en rythme. Et la musique s’achève sur  une émouvante sérénade pour verres en cristal.
                  Les conventions du cirque de cabaret sont  bousculées, tout en mettant en évidence l’absurdité d’une société féroce et  involontairement drôle, à l’image de ce couple qui s’apprête à aller à l’opéra.  C’est sarcastique et désespéré, dérisoire et grinçant. Les comédiens sont  souples et originaux. On se laisse happer sans aucune réticence dans ce  tourbillon de rires.
                  Eh oui, le clown est triste. Tel est l’art  suprême de susciter le rire. A.D. Théâtre  de la Tempête - Cartoucherie de Vincennes 12e.