LA VÉRITABLE HISTOIRE DU CHEVAL DE TROIE

Article publié dans la Lettre n°490 du 13 novembre 2019


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LA VÉRITABLE HISTOIRE DU CHEVAL DE TROIE. Textes de Virgile et Homère. Adaptation et mise en scène Claude Brozzoni. Avec Guillaume Édé. Accompagnement musical Claude Gomez.
Un homme se tient en fond de scène, chapeau sur la tête, costume trois pièces, chemise fuschia, une petite valise à la main, un pardessus sur le bras. De l'autre côté, un accordéoniste tire des sons langoureux et déchirants de son instrument. Au sol, un très beau tapis de couleurs vives et une minuscule flotte de ces bateaux de papier que plient les enfants. L'homme module d'une voix de baryton basse, magnifique, une étrange mélopée dans une langue inconnue. Puis il se met en mouvement et entame son récit. Querelles du panthéon, de ces immortels qui s'ennuient à ne pas périr, Éris la Discorde offre malicieusement à Pâris la pomme à proposer à la jalousie des trois déesses, Junon, Diane, Minerve. C'est que Pâris a une histoire d'enfance qui lui colle à la peau ! Par oracle, il est le fils à naître qui apportera le feu destructeur dans la ville de Troie. Alors, on l’abandonne à l'éventuelle faim d'un fauve en maraude. Mais, manque de chance, il y a toujours un berger qui passe par là, etc. La suite, on connaît, Pâris, à qui Éris a promis qu’il rencontrerait la beauté parfaite, se lance dans une errance déçue jusqu'à… Hélène de Sparte. Air connu, la colère de Ménélas qui court se plaindre à Argos, chez Agamemnon furieux, guerre de Troie, etc. L'homme au chapeau mime ces épisodes, entremêlant récit et modulations chantées avec l’accordéon. Homère jusqu'à la mort d'Hector, Virgile prend le relais avec Enée, dont l'homme endosse maintenant l'identité jouée et chantée. Enée avec Anchise sur son dos, son fils Iule à la main, et l’épouse Créüse qui s’accroche tant bien que mal aux fuyards. Et la foule silencieuse qui suit Énée, qui n’a pas conscience que Créüse a disparu. Chemin en sens inverse jusqu'au palais en flammes, pour croiser son fantôme qui l’incite au départ. Et voici la grande migration, dont les petits bateaux sont la double métaphore, nefs grecques vers Troie, embarcations de la fuite d’Énée. Et voici cette troupe errante, qui quémande l'autorisation, constamment refusée, d'accoster pour réparer les bateaux, qui ne demande pourtant que la paix. La pantomime de l’homme à la valise est scandée par l'accordéon. Nulle ode aux migrants actuels. Ce sont les Manouches dans leur nomadisme perpétuel. Nul pathos, nulle jérémiade, mais un récit varié et particulièrement prenant comme celui des aèdes antiques. La voix de Guillaume Édé est puissante et chaude, l'accompagnement musical de Claude Gomez hors pair.
Étonnante fascination de ces récits antiques qui n'ont pas fini de répandre leurs enchantements... A.D. Théâtre Les Déchargeurs 1er. Lien : www.lesdechargeurs.fr.


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