ÉLISABETH LOUISE VIGÉE LE BRUN
1755-1842

Article publié dans la Lettre n° 387
le 26 octobre 2015


 
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ÉLISABETH LOUISE VIGÉE LE BRUN 1755-1842. C’est la première rétrospective consacrée à cette artiste longtemps considérée avec une certaine condescendance. Elle ne peut entrer à l’Académie royale de peinture et de sculpture, qui limite l’accès aux femmes et interdit les contacts avec les professions mercantiles, que sur l’insistance de Louis XVI en 1783. En effet, née à Paris de famille modeste, mère coiffeuse et père portraitiste de talent, elle épouse un peintre et marchand d’art, le plus important de sa génération, Jean-Baptiste Pierre Le Brun (1748-1813), dont on voit un autoportrait, ce qui l’exclut de l’Académie mais lui permet de se faire connaître.
Elle apprend à peindre d’abord avec son père, mort lorsqu’elle a 12 ans, puis dans l’atelier de Briard. L’interdiction pour les femmes de peindre des hommes nus leur ferme l’accès à la peinture de « grand genre », à savoir les sujets historiques, mythologiques ou religieux. Elles en sont donc réduites aux portraits et aux paysages. Mme Vigée le Brun sait tirer parti de ce handicap, perfectionnant sa technique du portrait, largement autodidacte, en s’inspirant des méthodes des peintres flamands, très cotés à son époque, en particulier de Rubens qu’elle rencontre avec son mari dans son atelier, en 1781. La possibilité de pouvoir faire le portrait de Marie-Antoinette « en robe à paniers » (1778) destiné à l’impératrice Marie-Thérèse lui permet de peindre la quasi-totalité des membres de la famille royale et lui ouvre les portes de l’aristocratie et de la bourgeoisie. Grâce à sa notoriété, elle n’est nullement intimidée par la fréquentation des gens de cour.
Sa vie est mouvementée, à l’image de celle de la France, entre 1789 et 1802. Menacée, elle trouve refuge à l’étranger durant toutes ces années. En Italie tout d’abord, en Autriche ensuite et finalement en Russie, réalisant dans ces pays de nombreux portraits. Pendant ce temps son mari, pour sauver leurs biens, demande le divorce. Celui-ci est prononcé en 1794. Néanmoins, à son retour à Paris, c’est à l’hôtel Le Brun qu’elle s’installe. Elle fait encore d’autres voyages en Angleterre et en Suisse où elle peint au pastel, pour son plaisir, de nombreux paysages de plein air.
Le parcours de l’exposition retrace sa vie à travers ses tableaux, quelque 150, tous procédés et supports confondus, depuis «  Les années de formation » jusqu’à « Le chant du cygne », curieusement nommé ainsi par les commissaires. Néanmoins ce parcours chronologique est traversé par des présentations thématiques comme « Emulation et concurrence féminine » où l’on voit les œuvres d’autres femmes-peintres de son temps ; « Portraiturer la famille royale et la cour » avec le célèbre tableau Marie-Antoinette et ses enfants, qui remporta un vif succès au salon de 1787, malgré les craintes de l’artiste qui ne l’envoya qu’au tout dernier moment ; ou encore « Peindre l’enfance et l’amour maternel », un sujet de prédilection pour Mme Vigée le Brun, qui suscitera la désapprobation de Simone de Beauvoir ! On admire l’originalité des poses et des costumes, le rendu des couleurs, la beauté des modèles qu’elle enjolivait imperceptiblement. Une très belle exposition dans une scénographie brillante, évoquant les salons du XVIIIe siècle, et bien documentée. Galerie nationale du Grand Palais 8e. Jusqu’au 11 janvier 2016.
Lien : www.rmn.fr.


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