VAN DONGEN.
FAUVE, ANARCHISTE ET MONDAIN

Article publié dans la Lettre n° 327
du 23 mai 2011


VAN DONGEN. FAUVE, ANARCHISTE ET MONDAIN. Kees Van Dongen, né dans la banlieue de Rotterdam en 1877, mort à Monaco en 1968, est un artiste énigmatique, difficilement « classable » dans la peinture moderne, où pourtant il a toute sa place. Anarchiste à ses débuts (il signe la couverture de l’Anarchie de Kropotkine en 1896) il deviendra l’un des peintres les plus courus par ce que l’on appellerait aujourd’hui les people, lui assurant fortune et gloire.
La présente exposition, qui fait suite à celle de Rotterdam à la fin de l’année dernière, est centrée sur la période parisienne de l’artiste, jusqu’au début des années 1930. En 1897, il décide de s’installer à Paris, ville qui est alors la capitale de l’art moderne et le temple de l’avant-garde. Quelques années plus tard, en 1904, il réussit à exposer à la galerie Vollard, privilège réservé jusque là à Gauguin, Picasso ou Matisse. L’anarchisme de ses débuts, qu’illustre, par exemple, son dessin Rafle de prostituées, 1901, s’accommode très bien du milieu international du Montmartre de cette époque, tout comme il saura s’entourer des amitiés nécessaires pour son ascension sociale, très rapide et qu’il revendique, sans complexe. Il essuie alors certaines critiques féroces à son égard au moment où il devient l’une des grandes figures du Paris des années folles, période qu’il appelle « L’époque cocktail », organisant chez lui à Montparnasse, des fêtes somptueuses où le Tout-Paris veut être. Sur le plan artistique Van Dongen épouse le fauvisme et lui demeure fidèle, tout en le personnalisant. Contrairement à ses contemporains, il ne fait pas le chemin allant de l’impressionnisme au cubisme en passant par le fauvisme. Il donne à la couleur un rôle primordial qui innerve toute son œuvre, entre le cubisme de Picasso et le modernisme décoratif de Matisse. Il remet à l’honneur le portrait, inventant, comme d’autres artistes tel Foujita, le portrait moderne, avec ses poses et ses accessoires. Aujourd’hui on se rend bien compte qu’il y avait une certaine ironie vis-à-vis de ces personnages qui se pressaient dans son atelier et dont la plupart sont tombés dans l’oubli. Van Dongen savait flatter ses modèles, par exemple en affinant leur silhouette et en augmentant la taille de leurs bijoux ! Sa carrière fut très longue mais il avait donné le meilleur de lui-même avant la fin des années 1930.
Avec environ 90 peintures et dessins et un ensemble de céramiques, une technique qu’il utilisa assez peu, nous avons un magnifique aperçu de son œuvre depuis ses débuts à Rotterdam et Montmartre (1898-1904), jusqu’à « l’époque cocktail » (1916-1931) en passant par les dessins, les illustrations et les affiches, ses voyages au Maroc et en Espagne (1910-1911), ses années à Montparnasse, etc. Cette débauche de couleurs est un enchantement. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris 16e. Jusqu’au 17 juillet 2011. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.mam.paris.fr.


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