Parcours en images de l'exposition

TRÉSORS DE KYŌTO
Trois siècles de création Rinpa

avec des visuels mis à la disposition de la presse,
et nos propres prises de vue


Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre469 du 26 décembre 2018

1 - Kōetsu et Sōtatsu : la naissance de Rinpa
Panneau introductif
Ancienne capitale et berceau de la culture traditionnelle nippone, Kyōto est le lieu d’origine d’un des courants artistiques majeurs du Japon : l’école Rinpa (aussi transcrit Rimpa). Le terme Rinpa, créé à la fin du XIXe siècle, est composé des deux caractères 琳派 signifiant « école de [Kō]rin ».

À la différence d’autres écoles picturales japonaises, les artistes Rinpa sont unis non par des liens directs de maître à élève, mais par des affinités spirituelles. Le mot shishuku exprime parfaitement le sens du respect et l’attachement que chacun d’eux a à l’égard de ses prédécesseurs. Le style
décoratif Rinpa est forgé à l’aube du XVIIe siècle par Hon’ami Kōetsu (1558-1637) et Tawaraya Sōtatsu (actif entre 1600 et 1640). Il connaît son épanouissement grâce à Ogata Kōrin (1658-1716), qui appartient, avec son frère Kenzan, à la deuxième génération d’artistes du courant, auquel son nom est associé.

Bien que ce mouvement soit aussi désigné sous les termes « école de Kōetsu » ou « école de Sōtatsu et de Kōrin », ces dernières décennies, Rinpa demeure le plus répandu. La troisième génération d’artistes, dont les représentants principaux actifs à Edo (l’actuelle Tōkyō) sont Sakai Hōitsu (1761-1829) et Suzuki Kiitsu (1796-1858), produit un style sophistiqué que les historiens de l’art appellent Edo Rinpa. Cela permet de le distinguer de la sensibilité esthétique du Kyō[to] Rinpa, aussi nommé Kamigata Rinpa, d’après la région qui comprend Kyōto et Ōsaka.
 
Texte du panneau didactique
 
Tawaraya Sōtatsu. Dieux du vent et du tonnerre, Époque d’Edo (1603-1867), XVIIe siècle. Détail d'une paire de paravents à deux panneaux, encre et couleurs sur un fond de feuilles d’or sur papier. Kennin-ji, Kyōto, oeuvre désignée au Japon «Trésor national».
Scénographie
En 1615, le shōgun Tokugawa Ieyasu (1543-1616) accorde à Hon’ami Kōetsu (1558-1637), connaisseur et polisseur de lames de sabres, célèbre calligraphe, excellent laqueur et céramiste, l’autorisation de s’installer à Takagamine, dans le nord de Kyōto. Sur ces terres, il fonde une petite communauté d’artisans. Peu avant, Kōetsu commence à collaborer avec Tawaraya Sōtatsu (actif entre 1600 et 1640). Cet artiste dont la vie reste enveloppée de mystère dirige un atelier spécialisé principalement dans la peinture sur éventails et sur paravents, et le décor de rouleaux imprimés sur bois et de papiers enluminés.

Les créations de Kōetsu et Sōtatsu, considérés comme les fondateurs du courant décoratif Rinpa, répondent aux besoins artistiques de la Cour impériale et de son entourage et évoquent le goût raffiné des milieux des riches marchands de Kyōto (machishū). Imprégnées d’une sensibilité nouvelle, elles s’inspirent de la beauté classique de l’époque de Heian (794-1185), en particulier du style des Yamato-e. Reprenant les thèmes majeurs des Yamato-e, tels que les fleurs et les plantes qui changent au fil des saisons, ou s’inspirant de la littérature et du théâtre classiques, leurs oeuvres sont marquées par l’utilisation de matériaux précieux comme la poudre et la feuille d’or ou d’argent (kingindei, kinginpaku).
 
Texte du panneau didactique
 
Tawaraya Sōtatsu. Dieux du vent et du tonnerre, Époque d’Edo (1603-1867), XVIIe siècle. Détail d'une paire de paravents à deux panneaux, encre et couleurs sur un fond de feuilles d’or sur papier. Kennin-ji, Kyōto, oeuvre désignée au Japon «Trésor national».
Tawaraya Sōtatsu. Dieux du vent et du tonnerre, Époque d’Edo (1603-1867), XVIIe siècle. Paire de paravents à deux panneaux, encre et couleurs sur un fond de feuilles d’or sur papier. Kennin-ji, Kyōto, oeuvre désignée au Japon «Trésor national».
Tawaraya Sōtatsu. Danseurs de bugaku, Époque d’Edo (1603-1867), XVIIe siècle, paire de paravents à deux panneaux, encre et couleurs sur un fond de feuilles d’or sur papier. Daigo-ji, Kyōto, oeuvre désignée au Japon «Bien culturel important».
Attribué à Tawaraya Sōtatsu. Poèmes calligraphiés par Karasumaru Mitsuhiro, La Sente au lierre,
Époque d’Edo (1603-1867), XVIIe siècle, paire de paravents à six panneaux, encre et couleurs sur un fond de feuilles d’or sur papier.
Sho-koku-ji, Kyo-to, oeuvre désignée au Japon « Bien culturel important ».
2 - Kōrin et Kenzan : un nouvel élan
Scénographie
Fils du propriétaire de la maison Kariganeya, l’une des boutiques de textiles les plus renommées de Kyōto, Ogata Kōrin (1658-1716) et son cadet Ogata Kenzan (1663-1743) grandissent dans un environnement privilégié. Ils reçoivent une éducation soignée, se familiarisant dès leur plus jeune
âge avec la poésie et la littérature classiques, le théâtre nō et la cérémonie du thé. Comptés parmi les représentants majeurs de l’ère Genroku (1688-1704), qui marque l’apogée de la culture de l’époque d’Edo (1603-1867), les deux frères collaborent souvent ensemble et s’investissent dans divers domaines : calligraphie, peinture, céramique, laque.

Artistes aux multiples compétences, ils donnent un nouvel élan au style décoratif Rinpa, tout en puisant dans le répertoire des thèmes et des procédés techniques adoptés par Kōetsu et Sōtatsu. Kōrin, en particulier, apporte à l’esthétique Rinpa des innovations très personnelles. Ses compositions épurées sont reconnaissables à leur mise en page audacieuse, à leur gamme chromatique aux tons intenses et au rythme harmonieux. Son art exerce une profonde influence sur les générations qui lui succèdent.

Connu en France à la fin du XIXe siècle, à l’époque du japonisme, Kōrin est très apprécié par les amateurs et les collectionneurs parisiens. L’historien de l’art Louis Gonse (1846-1921), dans son ouvrage monumental consacré à L’Art japonais (1883), le désigne ainsi comme « le plus original et le plus personnel des peintres du Nippon, le plus Japonais des Japonais ».


 
Texte du panneau didactique
 
Ogata Kenzan. Plat à décor de campanules, entre 1712 et 1731, grès
revêtu d’engobe blanc à décor d’émaux sur couverte.
Collection particulière.
Attribué à Tawaraya Sōtatsu (actif entre 1600 et 1640) et Hon’ami Kōetsu (1558-1637). Trois cartes carrées (shikishi) avec poèmes waka par les « trente-six génies de la poésie » et motifs de fleurs et plantes des quatre saisons, Époque d’Edo (1603-1867), XVIIe siècle. Encre, or et argent sur papier, montées en rouleaux verticaux. Collection particulière.
 
Attribué à Ogata Kōrin, inscription par Keishū Dōrin. Deux feuilles d’éventails non pliants (uchiwa) avec motifs de pins enneigés et de feuilles de lierre, Époque d’Edo (1603-1867), XVIIIe siècle, encre, couleurs et or sur papier, montées en rouleau vertical. Collection
particulière.
 
Ogata Kenzan (1663-1743). Plat à décor de cerisiers en fleurs, entre 1712 et 1731. Grès revêtu d’engobe blanc à décor d’émaux sur couverte. Collection particulière.
Attribué à Ogata Kōrin. Mont Fuji et Vagues à Matsushima, Époque d’Edo (1603-1867), XVIIIe siècle. Paire de paravents à six panneaux, encre et couleurs sur un fond de feuilles d’or sur papier. Collection particulière.

Ogata Kōrin. Le Poète chinois Bai Juyi (Hakurakuten), Époque d’Edo (1603-1867), XVIIIe siècle.
P
aravent à six panneaux, encre et couleurs sur papier. Collection particulière.

 
Ogata Kōrin. Papier pour envelopper l’encens avec décor de saule pleureur, entre 1704 et 1711, couleurs sur un fond de feuilles d’or sur papier recouvert de soie, monté en rouleau vertical. Musée Hosomi,
Kyōto.
 
Sakai Hōitsu (1761-1828). Cent dessins de Kōrin [Kōrin hyakuzu], vers 1815 et 1826, réédition vers 1841-1845. Xylographie. Voir ci-dessus. Paris, BNF.
3 - Shikō, Roshū, Hōchū : Le renouvellement du style Rinpa
Scénographie

Entre le XVIIIe et le début du XIXe siècle, l’esthétique du courant Rinpa connaît une renaissance. Séduits par le sens décoratif de Kōrin, maints artistes s’inspirent de ses oeuvres, d’un point de vue soit stylistique soit iconographique, certains thèmes du répertoire Rinpa, tels les iris ou les vagues, étant associés à ce créateur à la personnalité unique. Ses compositions très lisibles, aux lignes souples, notamment celles à sujets végétaux ou à figures humaines dessinées avec une pointe d’humour, exercent une formidable influence.

Parmi les admirateurs les plus fervents de Kōrin, on compte Watanabe Shikō (1683-1755), réputé pour son style éclectique, Fukae Roshū (1699-1757), dont on ne connaît aujourd’hui que de très rares oeuvres, et Nakamura Hōchū (mort en 1819), apprécié pour son usage du tarashikomi (technique d’application d’encre ou de pigments sur une surface humide pour obtenir un effet flou) et ses peintures réalisées à l’aide des seuls doigts et ongles. Ces artistes rendent hommage à Kōrin en réinterprétant son style d’une manière très libre, évitant de copier fidèlement ses motifs. Dans l’Album de peintures de Kōrin [Kōrin gafu], Hōchū, qui s’inspire des dessins de son prédécesseur, en perpétue l’esthétique picturale par le biais de la gravure. Sakai Hōitsu (1761-1828) constitue un cas à part : représentant du Rinpa d’Edo, on lui doit la redécouverte de l’artiste grâce à la publication de Cent dessins de Kōrin [Kōrin hyakuzu], sorte de catalogue raisonné de ses oeuvres.

 

 

 

 

 

Texte du panneau didactique

 

 

 




Ingrédients utilisés par les peintres de Rinpa

 



 
Fukae Roshū (1699-1757). Chauffe-mains à décor de jeunes pins et de grues. Époque d’Edo (1603-1867), XVIIIe siècle. Couleurs sur biscuit de terre cuite. Musée Hosomi, Kyōto.
 
Watanabe Shikō. Éléphant blanc. Époque d’Edo (1603-1867), XVIIIe
siècle, paravent à deux panneaux, encre et feuille d’or disséminée sur papier.
Musée Hosomi, Kyōto.
Fukae Roshū (1699-1757). Fleurs et plantes. Œuvre désignée « Bien culturel important ». Époque d’Edo (1603-1867), XVIIIe siècle.
Paravent à six panneaux, encre et couleurs sur papier.
Musée d’Art Fukuda (bureau temporaire), Kyōto.
Watanabe Shiko. Cerisiers en fleurs au mont Yoshino, Époque d’Edo (1603-1867), XVIIIe siècle, paire de paravents à six panneaux,
encre et couleurs sur un fond de feuilles d’or sur papier.
Collection particulière, Image : TNM Image Archives.
Nakamura H-och-u. Oiseau sur un prunier blanc, Époque d’Edo (1603-1867), XVIIIe siècle. Paravent à six panneaux,
encre et couleurs sur un fond de feuilles d’or sur papier.
Musée Hosomi, Kyo-to.
4 - Sekka : l’héritage Rinpa au XXe siècle
Scénographie
Désigné comme le dernier grand représentant du style Rinpa, Kamisaka Sekka (1866-1942) est actif principalement à Kyōto entre la fin du XIXe siècle et les premières décennies du XXe siècle, durant les ères Meiji (1868-1912), Taishō (1912-1926) et le début de Shōwa (1926-1989). Artiste aux multiples facettes, ce dessinateur et peintre talentueux collabore aussi avec divers artisans, dont son frère Kamisaka Yūkichi (1886-1938), créant les décors d’objets en bois et en laque, ainsi que pour des céramiques et des textiles.

Auteur de nombreux recueils de motifs décoratifs, dont Les Herbes de l’éternité [Momoyogusa] (1909-1910), Sekka fait revivre la sensibilité Rinpa, contribuant à moderniser le design et à promouvoir les arts appliqués au Japon. Les thèmes de ses créations sont souvent puisés dans l’univers végétal, notamment les fleurs et les plantes au fil des mois et des saisons, ou dans le théâtre nō, la poésie et la littérature classiques. Ces thèmes ressortent du répertoire traditionnel Rinpa, dont il emprunte également certaines techniques (tarashikomi, mokkotsu) et l’emploi de matériaux précieux tels que l’or et l’argent.

Tout en s’inspirant de ses prédécesseurs, Sekka fait preuve d’un sens inné de l’espace et d’un génie créatif novateur qui lui permettent de revisiter les sujets classiques avec humour, dans des compositions originales, dégageant une énergie et une joie surprenantes.
 
Texte du panneau didactique
 
Kamisaka Sekka (1866-1942). La Sorcière Yamanba (scène de théâtre nō), entre 1905 et 1915. Rouleau vertical, encre et couleur sur soie. Collection particulière.

Kamisaka Sekka (1866-1942).
- Érable au feuillage automnal et chrysanthèmes blancs. Rouleau vertical, encre et couleur sur soie.
- Fleurs et plantes des quatre saisons. Rouleau vertical, encre et couleur sur soie.
- Fleurs et plantes des quatre saisons. Paire de rouleaux verticaux, encre et couleur sur soie.
Entre 1920 et 1925. Musée Hosomi, Kyōto.

 
Kamisaka Sekka (1866-1942). Service de dix raviers en forme d’éventail avec motifs de fleurs et plantes des quatre saisons (détail), entre 1910 et 1925. Grès revêtu d’engobe blanc à décor d’émaux sur couverte. Collection particulière.
 
Kamisaka Sekka (1866-1942) et Kawamura Seizan (1890-1967). Bol à décor ajouré de chrysanthèmes, 1910. Céramique à revêtement polychrome. Collection particulière.
Scénographie avec au mur, de Kamisaka Sekka, Fleurs et plantes des douze mois (voir ci-dessous).
 
Kamisaka Sekka. Fleurs et plantes des douze mois (détail), entre 1920 et 1925, deux feuilles d’album
d’un ensemble de douze feuilles, encre et couleurs sur soie.
Musée Hosomi, Kyōto.
 
Kamisaka Sekka (1866-1942). Le Village de Kōetsu (2 détails), vers 1940. Rouleau horizontal, encre et couleur sur soie. Collection particulière.
Kamisaka Sekka. Iris, entre 1920 et 1940, paire de paravents à deux panneaux,
encre et couleurs sur un fond de feuilles d’or sur papier.
Collection particulière.
Kamisaka Sekka. Fleurs et plantes des quatre saisons, entre 1920 et 1925, paire de paravents à six panneaux,
encre, couleurs et or sur soie.
Musée Hosomi, Kyōto.
 
Kamisaka Sekka. Le Mont Fuji vu depuis la plaine de Musashino, ère
Meiji (1868-1912), rouleau vertical, encre et couleurs sur soie.
Musée
du Textile Kawashima, Kyōto.
 
Kamisaka Sekka et Kamisaka Yūkichi. Boîte à tabacà décor de feuille de lotus, années 1920, bois laqué, décor en maki-e, or, incrustations de nacre. Musée national d’Art moderne, Kyōto.
 
Kamisaka Sekka (1866-1942). Le Foulage des textiles, entre 1920 et 1940. Rouleau vertical, encre et couleurs sur soie. Musée national d’Art moderne, Kyōto.
 
Kamisaka Sekka (1866-1942) et Kawamura Seizan (1890-1967). Assiette à gâteau à décor d’ermitage sous la neige, entre 1905 et 1920. Céramique à revêtement polychrome. Musée national d’Art moderne, Kyōto.