THOMAS HOUSEAGO
Almost human

Article publié dans la Lettre n° 477
du 17 avril 2019


 
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THOMAS HOUSEAGO. Almost Human. Dans le catalogue consacré à cette exposition, Fabrice Hergott avoue que « longtemps [il avait] eu quelques réserves sur [le] travail » de Thomas Houseago. Ce n’est qu’en voyant L’Homme pressé, une sculpture monumentale présentée devant le Palazzo Grassi durant la Biennale de Venise de 2011, qu’il prit conscience, comme le grand public et tant d’autres directeurs de musée avant lui de l’importance de cet artiste.
Né à Leeds (Royaume-Uni) en 1972, Houseago termine ses études à De Ateliers à Amsterdam, ville où il expose pour la première fois en 1996. Depuis 2003 il vit à Los Angeles où il travaille dans son gigantesque atelier, Owl Studios (l’atelier de la chouette). De nombreuses expositions lui ont été consacrées au Pays-Bas, en Belgique, aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Italie, au Canada. Ses œuvres sont présentes dans nombre de musées et collections privées mais, à part la présence de Walking Man dans « Rodin. L’exposition du centenaire » au Grand Palais (Lettre 431), c’est la première exposition qui lui est consacrée en France.
Son œuvre est dans la lignée de celles d’Henry Moore, Georg Baselitz ou Bruce Nauman qui se concentrent sur une représentation de la figure humaine dans l’espace. Sans renier cette filiation, Houseago apporte beaucoup d’idées nouvelles, en particulier dans cette œuvre gigantesque, réalisée spécialement pour cette exposition, Cast Studio (stage, chairs, bed, mound, cave, bath, grave) dont la réalisation, filmée par sa compagne Muna El Futuri, est montrée dans la même salle que celle-ci.
Profitant des travaux dans le musée et de l’envoi de certaines pièces en Corée du Sud et en Allemagne, l’exposition peut se tenir dans les grandes salles du rez-de-chaussée, dont les immenses baies vitrées donnent sur le parvis et la Tour Eiffel. Il y a ainsi une correspondance entre les œuvres de Thomas Houseago et les sculptures du parvis. De plus, la commissaire, Olivia Gaultier-Jeanroy, a installé une imposante œuvre en bronze, Striding Figure II (Ghost), dans le bassin au milieu du parvis. C’est donc par celle-ci que commence le parcours, divisé en cinq sections.
Dans la première, « Figures humaines », on voit quelques-unes de ses premières œuvres, telle que Walking Man (1995) et de plus récentes comme Sitting Nude (2006) dans lesquelles le sculpteur réinterprète la forme humaine à travers l’anatomie déformée et l’échelle exagérée comme pour cette gigantesque petite cuillère (Small Spoon, 2002).
Avec « Hybrides », dans la seconde salle, on découvre des œuvres de transition entre les sculptures figuratives du début et les suivantes. On y voit, entre autres, successivement, une chouette en bois de séquoia, California (2018), réalisée à la demande de sa fille, alors toute petite ; une gigantesque porte, Moon Gate (2015), réalisée en Tuf-Cal, du plâtre préparé spécialement pour le bâtiment et qu’avait découvert Houseago quand il était maçon pour gagner sa vie à ses débuts à Los Angeles et une œuvre totalement abstraite, Untitled (Abstract IV) (2015).
Dans la salle suivante, « Diables et démons », malgré la distance, nos yeux se portent inévitablement sur L’Homme pressé, gigantesque sculpture métallique dont nous avons parlé ci-dessus. Parmi les autres œuvres, on remarque surtout un grand gisant en bois de séquoia, Wood Skeleton (Father) (2018), une série de grands dessins sur toile (Somatic Painting, 2018) et surtout huit grandes toiles, peintes à l’huile, sur douze de la série Black Paintings (2015-2016) grâce auxquelles l’artiste a pu faire face à une période de deuil difficile.
Après une petite salle où l’on montre un extrait des mood boards, des tableaux d’inspiration, de Houseago, on arrive enfin dans la dernière section « L’Atelier » avec cette gigantesque sculpture, Cast Studio, mentionnée au début de cet article, une vidéo de plus de deux heures et des photographies de Muna El Fituri, relatant la réalisation de cette œuvre. Une exposition bienvenue, bénéficiant d’une belle scénographie de Cécile Degos. R.P. Musée d’art moderne de la ville de Paris 16e. Jusqu’au 14 juillet. Lien : www.mam.paris.fr.

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