Parcours en images de l'exposition

Chaïm Soutine / Willem de Kooning
La peinture incarnée

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°535 du 24 novembre 2021




Un grand tournant de l’œuvre de Willem de Kooning (1904-1997), celui du chantier pictural des « Woman », s’opère alors que le peintre se confronte à l’univers artistique de Chaïm Soutine (1893-1943). Découvrant ses tableaux dès les années 1930, puis à la rétrospective du Museum of Modern Art de New York de 1950 et lors de sa visite à la Fondation Barnes avec sa femme Elaine en juin 1952, l’artiste américain construit un expressionnisme singulier, entre figuration et abstraction.

Soutine marque en effet la génération des peintres d’après-guerre par la force expressive de sa peinture et sa figure d’artiste maudit de la bohème parisienne. Son œuvre est particulièrement visible aux États-Unis entre les années 1930 et 1950, et l’intérêt pour le peintre ne se tarit pas outre-Atlantique jusqu’à la rétrospective du MoMA en 1950. Son œuvre y est présenté comme un précédent à l’American Painting, et l’artiste perçu comme un «prophète», héraut de l’expressionnisme abstrait.

De Kooning, mieux qu’aucun autre, a su déceler dans son œuvre la tension entre deux pôles apparemment opposés, une recherche de structure doublée d’un rapport passionné à l’histoire de l’art, et une tendance prononcée à l’informel. L’œuvre de Soutine a ainsi constitué une pierre de touche dans la recherche du peintre new-yorkais, une piste conduisant à une troisième voie qui chercherait à se dégager de l’antagonisme art figuratif / art abstrait sur lequel la critique d’art fonde alors ses théories.

 
Willem de Kooning cité par Gaby Rodgers, 21 mai 1978.

 

 





Texte du panneau didactique.
 
Soichi Sunami. Vue de la rétrospective Soutine, Museum of Modern Art, New York, 31 octobre 1950 - 7 janvier 1951. Crédit : Digital Image / The Museum of Modern Art, New York / Scala, Florence.
 
Soutine sur un banc, à Châtel-Guyon, 1928. Crédit : Fine Art Images / Bridgeman Images.
 
Willem de Kooning.
 
« La Ruche » dans le quartier de Montparnasse, 1968. Crédit : AKG.
 
Légende.


1 - Les années 1940 : « Peindre comme Soutine et Ingres à la fois »

Scénographie

De Kooning découvre la peinture de Soutine peu après son arrivée à New York. Introduite aux États-Unis en 1923 grâce au collectionneur Albert Barnes, celle-ci est régulièrement présentée au cours de la décennie suivante. Dès 1943, la Bignou Gallery présente des œuvres de Soutine et de de Kooning côte à côte dans une exposition collective.

Cependant, l’influence de Soutine n’est pas immédiatement apparente dans son oeuvre. Ses premiers portraits de femmes sont plus redevables à Picasso, Matisse ou aux portraits classiques observés dans les musées, qu’à la liberté de facture de son aîné. On a ainsi parlé de «renouveau ingresque» à propos de certaines toiles exécutées alors par de Kooning et ses amis Arshile Gorky et John D. Graham.

En quête de sa propre voie, le peintre new-yorkais se confronte cependant à des tendances opposées. Cette tension trouve son expression dans cet aveu qu’il fait plus tard à un ami, le photographe Rudy Burckhardt, indiquant qu’il a voulu peindre « comme Ingres et comme Soutine à la fois » : il emprunte à Ingres sa ligne, à Soutine l’audace de ses couleurs, mais aussi son exagération expressive.

 
Texte du panneau didactique.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Portrait de Madeleine Castaing, 1929. Huile sur toile. New York, The Metropolitan Museum of Art, legs de Miss Adelaide Milton de Groot (1876-1967), 1967.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Le Garçon d’étage, vers 1927. Huile sur toile. Paris, Musée de l’Orangerie.
 
Chaïm Soutine (1893-1943).  Le groom (Le chasseur). Huile sur toile, 98 x 80,50 cm. Paris, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat.
Scénographie
 
Willem de Kooning (1904-1997). Woman [Femme], 1944. Huile et fusain sur toile. New York, The Metropolitan Museum of Art, issu de la collection de Thomas B. Hess, don des héritiers de Thomas B. Hess, 1984.
 
Willem de Kooning (1904-1997). Reine de coeur (Queen of Hearts), 1943-46. Huile et fusain sur panneau de fibres de bois, 117 x 70 cm. Washington (DC), Hirshhorn Museum and Sculpture Garden. Artwork © The Willem de Kooning Foundation / Adagp, Paris 2021, Photo © akg-images.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). La Fiancée, vers 1923. Huile sur toile. Paris, Musée de l’Orangerie.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Grotesque, dit aussi Autoportrait, 1922-1925. Huile sur toile. Paris, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, legs du docteur Maurice Girardin, 1953.


2 - 1950 : La rétrospective Soutine au MoMA

Scénographie

La peinture de Soutine trouve sa pleine reconnaissance aux Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Sa mort en 1943, alors qu’il se tenait caché en pleine France occupée, renforce la dimension tragique de ses toiles tourmentées. Sa peinture gestuelle résonne par ailleurs avec le contexte artistique américain d’après-guerre, et l’on voit dans son expressionnisme la forme non préméditée d’un nouveau type d’abstraction, érigé en source de l’art new-yorkais d’alors.

La rétrospective que lui consacre le MoMA à l’automne 1950, où soixante-quinze de ses toiles sont réunies, participe de cette réévaluation. Le commissaire Monroe Wheeler, dans un catalogue court et didactique, associe des considérations sur les éléments formels de son art et d’autres plus anecdotiques, reprises de biographies antérieures. Sa lecture de l’oeuvre insiste sur la complémentarité entre l’aspect formel de son organisation picturale et l’expression « primitive » de son émotion, ainsi que sur le dépassement des formes naturelles par son traitement quasi abstrait du motif. La rétrospective enthousiasme le cercle de critiques et artistes dans lequel de Kooning évolue.

 
Texte du panneau didactique.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Autoportrait,  1918 ca. Huile sur toile, 54,6 x 45,7 cm. Princeton (NJ), Princeton University Art Museum. © 2021. Princeton University Art Museum/Art Resource NY/Scala, Florence.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Enfant de chœur, 1927-1928. Huile sur toile, 63,5 x 50 cm. Paris, musée de l'Orangerie. Photo © Musée de l'Orangerie, dist. RMN-Grand Palais / Hervé Lewandowski.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Boeuf et tête de veau, vers 1925. Huile sur toile. Paris, Musée de l’Orangerie.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Paysage avec maison et arbre, 1920-21. Huile sur toile, 55 x 73 cm. Philadelphia (PA), The Barnes Foundation.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Paysage à Céret, 1920-1921. Huile sur toile. Londres, Tate, achat, 1964.
Scénographie
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Paysage avec maison blanche, 1920-1921. Huile sur toile. Philadelphie, Pennsylvanie, The Barnes Foundation.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). La Route montante, vers Gréolières, 1920-1921. Huile sur toile. Philadelphie, Pennsylvanie, The Barnes Foundation.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Vue de Céret, vers 1921-1922. Huile sur toile. Princeton, The Henry and Rose Pearlman Foundation, en prêt au Princeton University Art Museum.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Toits rouges, dit aussi Le Clocher de l’église Saint-Pierre à Céret, 1922. Huile sur toile. Princeton, The Henry and Rose Pearlman Foundation, en prêt au Princeton University Art Museum.
Scénographie
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Le Vieillard, dit aussi L’Homme en prière, 1920. Huile sur toile. Avignon, Musée Calvet, don Émile Joseph-Rignault (Saint-Cirq-Lapopie) à la Fondation Calvet, 1947.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). L’Homme au manteau vert, 1921. Huile sur toile. New York, The Museum of Modern Art, legs de Florene May Schoenborn, 1996.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Le Petit Patissier, 1922-1924. Huile sur toile, 92 x 65 cm. Paris, musée de l'Orangerie. Photo © Musée de l'Orangerie, dist. RMN-Grand Palais / Thierry Le Mage.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). La Communiante, dit aussi La Mariée, 1924. Huile sur toile. The Lewis Collection.


3 - Les années 1950 : Le tournant des « Woman »

Scénographie

Au début des années 1950, l’oeuvre de Soutine joue un rôle de catalyseur pour de Kooning. La rétrospective du MoMA a un impact important sur son art. En juin 1952, Willem et son épouse Elaine bénéficient d’une visite privée à la Fondation Barnes à Merion, près de Philadelphie. Il y découvre de nombreuses toiles de Soutine, dont le « rayonnement » qui semble en émaner le fascine, comme il le confiera plus tard.

Cette révélation a lieu à un moment particulier pour le peintre, qui cherche dans un ensemble de toiles intitulées «Woman», un moyen d’aller au-delà de l’antagonisme entre figuratif et abstrait invoqué par les critiques d’art contemporain tel Clement Greenberg. Une semaine après sa visite à la Fondation Barnes, de Kooning achève des toiles sur lesquelles il travaillait depuis des mois, intensifiant le pouvoir expressif de son imagerie, comme Elaine l’annonce à un ami : son mari « a fini deux de ses grosses femmes », parmi lesquelles Woman II.

Dès 1959, le critique d’art britannique David Sylvester établit un parallèle, que de Kooning lui-même confirmera, entre les coups de pinceaux gestuels et la distorsion expressive des œuvres de Soutine et les « Woman », férocement souriantes.

 
Texte du panneau didactique.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Le bœuf écorché, 1925. Huile sur toile, 202 x 114 cm. Musée de Grenoble. © Ville de Grenoble / Musée de Grenoble –J.L. Lacroix.
 
Willem de Kooning (1904-1997). Marilyn Monroe, 1954. Huile  sur toile. New York, collection Neuberger Museum of Art, Purchase College, State University of New York, don de Roy R. Neuberger.
 
Willem De Kooning (1904 -1997). Femme II (Woman II), 1952. Huile sur toile, 149,9 x 109,3 cm. New York (NY), Museum of Modern Art (MoMA), don de Blanchette Hooker Rockefeller, 1955. Artwork © The Willem de Kooning Foundation, Adagp, Paris, 2021, Digital image, The Museum of Modern Art, New York / Scala, Florence.
 
Willem de Kooning (1904-1997). Woman [Femme], 1953. Huile et fusain sur papier monté sur toile. Washington, DC, Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Smithsonian Institution, don de Joseph H. Hirshhorn, 1966.
 
Willem de Kooning (1904-1997). Woman [Femme], 1953. Huile, peintures à l’émail et fusain sur papier monté sur toile. Potomac, Maryland, Glenstone Museum.


4 - Les années 1960 : Femmes-Paysages

Scénographie

Woman as Landscape (1954–55) constitue pour de Kooning le point de départ d’une exploration qu’il poursuit à la fin des années 1960, dans une série de peintures à la facture très fluide, qui mêlent figure féminine et paysage maritime. ll vit désormais à la campagne, au bord de la mer, dans la région des Hamptons. Les poses provocantes de ses figures – assises, jambes parfois écartées, torse raccourci – suggèrent des sources directes ou pop, telles les femmes qu’il voit sur la plage ou les photos de pin’up, mais aussi la Femme entrant dans l’eau (1931) de Soutine que de Kooning a vu reproduite dans le catalogue de la rétrospective du peintre. Il connaissait également très certainement le tableau dont s’est inspiré Soutine, La Femme se baignant dans un ruisseau de Rembrandt (v. 1654, Londres, National Gallery), référence qui lie les deux artistes dans leur admiration pour le maître hollandais.

 
Texte du panneau didactique.
 
Chaïm Soutine (1893-1943). Femme entrant dans l’eau, 1931. Huile sur toile, 113,6 x 71,8. Londres, MAGMA. © Museum of Avant-Garde Mastery of Europe (MAGMA of Europe).
 
Willem De Kooning (1904 -1997). Femme Accabonac (Woman Accabonac), 1966. Huile sur papier monté sur toile, 200 × 89 cm. Artwork © The Willem de Kooning Foundation / Adagp, Paris 2021. Digital Image © Whitney Museum of American Art.
 
Willem de Kooning (1904-1997). Woman, Sag Harbor [Femme, Sag Harbor], 1964, huile et fusain sur bois. Washington, DC, Hirshhorn Museum and Sculpture Garden,  Smithsonian Institution, don de Joseph H. Hirshhorn, 1966.
 
Willem de Kooning (1904-1997). La visite (The Visit), 1966-67. Huile sur toile, 152,4 × 121,9 cm. Royaume-Uni, Londres, Tate Collection. Artwork © The Willem de Kooning Foundation, Adagp, Paris, 2021, Photo © Tate, Londres, Dist. RMN-Grand Palais / Tate Photography.
 
Willem de Kooning (1904-1997). Woman as Landscape [Femme comme paysage], 1954-1955. Huile sur toile. Collection particulière.


5 - Les années 1960 et 1970 : Transfigurations

Scénographie

L’impact visuel des tableaux qu’il a vus au MoMA puis à la Fondation Barnes reste présent dans la mémoire de de Kooning durant de nombreuses années. Ses oeuvres tardives où la composition se déploie et affleure à la surface témoignent d’un intérêt de plus en plus profond pour les qualités picturales qu’il apprécie chez Soutine.

La franche sensualité de ses « Woman » des années 1960, comme les surfaces animées de ses oeuvres abstraites des années 1970, rappellent certains paysages de Soutine. Il en est ainsi de Colline à Céret (v. 1921), où les tourbillons de peinture appliqués avec véhémence sur la toile créent un effet quasi hypnotique : « on ne voit pas le paysage, on voit la peinture » comme le constate le critique David Sylvester.

Quand de Kooning déclare en 1977 être « fou de Soutine — toutes ses peintures », il loue sa capacité à capturer la lumière, comme émanant de l’intérieur de la peinture elle-même, pour créer une forme de transfiguration. Dans ses propres compositions des années 1970, comme North Atlantic Light, on retrouve la même approche lumineuse, vibrante et luxuriante de la peinture.

 
Texte du panneau didactique.
 
Willem de Kooning (1904-1997). ...Dont le nom était écrit dans l’eau (...Whose Name Was Writ in Water), 1975. Huile sur toile, 193 × 223 cm. Etats-Unis, New-York (NY), The Solomon R. Guggenheim Museum. Artwork © The Willem de Kooning Foundation, Adagp, Paris, 2021. Photo © The Solomon R. Guggenheim Foundation / Art Resource, NY, Dist. RMN-Grand Palais.
 
Willem de Kooning (1904-1997). Femme dans un jardin (Woman in a garden), 1971. Huile sur papier monté sur toile, 184,2 x 91,4 cm. Artwork © The Willem de Kooning Foundation / Adagp, Paris 2021. Photo © Private Collection / Bridgeman Images.
 
Willem de Kooning (1904-1997). Pêcheur de palourdes (Clamdigger), 1972. Bronze, 151 x 63 x 54 cm. Paris, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle. Artwork © The Willem de Kooning Foundation, Adagp, Paris, 2021, Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Dist. RMN-Grand Palais / Image Centre Pompidou, MNAM-CCI.
Scénographie
 
Chaïm Soutine (1893-1943). La colline à Céret, 1921. Huile sur toile, 74,3 x 54,93 cm. Los Angeles (CA), LACMA. Digital Image Museum Associates / LACMA / Art Resource NY / Scala, Florence.
 
Willem de Kooning (1904-1997). Woman in Landscape III [Femme dans un paysage III], 1968. Huile sur papier. New York, Whitney Museum of American Art. Acheté avec des fonds de Mrs. Bernard F. Gimbel et de la Bernard F. and Alva B. Gimbel Foundation. Artwork © The Willem de Kooning Foundation / Adagp, Paris 2021. Digital Image © Whitney Museum of American Art.
 
Willem de Kooning (1904-1997). Lumière de l'Atlantique Nord (North Atlantic Light), 1977. Huile sur toile, 203,2 × 177,8 cm. Collection Stedelijk Museum, Amsterdam. © The Willem de Kooning Foundation / Adagp, Paris 2021.
 
Willem de Kooning (1904-1997). Amityville, 1971. Huile sur toile, 203,2 × 177,8 cm. Collection particulière. © The Willem de Kooning Foundation / Adagp, Paris 2021.


CHRONOLOGIE


1893
Chaïm Soutine naît à Smilovitchi, dans le gouvernement de Minsk, au sein de l’Empire russe (actuelle Biélorussie). Avant-dernier d’une fratrie de onze enfants, dont le père est tailleur, Soutine grandit dans le quartier juif de la petite ville.
1904
Le 24 avril, Willem de Kooning naît à Rotterdam aux Pays-Bas. Il est le fils de Leendert de Kooning, négociant en alcool, et de Cornelia Nobel de Kooning.
1910
Soutine est reçu à la seconde tentative à l’Académie des beaux-arts de Vilnius.
1913
Soutine arrive à Paris à 20 ans et suit les cours de Fernand Cormon à l’École des beaux-arts. Il visite régulièrement le musée du Louvre, et contemple les œuvres de Fouquet, Rembrandt, Goya, Chardin, Courbet et Cézanne.
Il rejoint « La Ruche », ensemble d’ateliers situé 2 passage Dantzig à Montparnasse. Il y retrouve ses compatriotes Krémègne et Kikoïne et plusieurs artistes originaires d’Europe de l’Est dont Chagall, Zadkine, Kisling et Archipenko. On y parle yiddish et russe entre voisins.
1916
Modigliani présente Soutine au marchand polonais Léopold Zborowski, qui accepte de devenir son agent sur l’insistance de Modigliani. Le galeriste lui offre cinq francs et reçoit en échange l’exclusivité de sa production.
Âgé de 12 ans, de Kooning quitte l’école et commence un apprentissage de quatre ans dans l’entreprise de décoration intérieure de Jan et Jaap Gidding.
1917
Impressionnés par son talent, les Gidding poussent de Kooning à prendre des cours du soir de dessin à l’Académie des beaux-arts et des techniques de Rotterdam.
1919
Soutenu financièrement par Zborowski, Soutine se retire dans une petite ville des Pyrénées, Céret, pendant trois ans. Il se rend régulièrement à Cagnes, où il retrouve Modigliani.
1922
En décembre, le collectionneur américain Albert C. Barnes découvre le travail de Soutine. Grâce à Zborowski et au marchand Paul Guillaume, il acquiert cinquante-quatre toiles de Soutine, qui jouit dès
lors d’une réputation solide.
1923
Barnes présente les oeuvres de Soutine lors d’une exposition de ses récentes acquisitions à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts de Philadelphie. L’exposition est violemment critiquée par la presse locale.
1924
À 20 ans, de Kooning part en Belgique avec des amis et vit brièvement à Bruxelles. Il multiplie les emplois précaires et visite probablement le musée royal d’Art ancien de Bruxelles, connu pour son importante collection de toiles de Rubens, ainsi que le musée royal d’Art moderne où des oeuvres d’Ingres et de Delacroix sont conservées.
1925
Soutine installe son atelier rue du Saint-Gothard (XIVème arrondissement). Il y peint ses natures mortes les plus célèbres et la série des boeufs écorchés, inspirée de Rembrandt.
1926
De Kooning embarque clandestinement sur un bateau en partance pour les États-Unis. Il débarque à Newport News en Virginie et voyage jusqu’à Rhode Island, Boston et enfin Hoboken dans le New Jersey, où il s’installe dans un foyer d’immigrés néerlandais.
1927
À l’automne, de Kooning s’installe à New York. Il commence à travailler pour les Eastman Brothers, une entreprise d’aménagement intérieur.
1930
De Kooning découvre probablement pour la première fois le travail de Soutine lors de l’exposition « Painting in Paris from American Collections » au Museum of Modern Art à New York, où trois oeuvres de Soutine sont présentées aux côtés de toiles de Matisse, Picasso ou Giorgio de Chirico.
1935
De Kooning rencontre le peintre et photographe Rudy Burckhardt et le poète et critique de danse Edwin Denby, ses premiers soutiens et collectionneurs.
 
1936
En février, une importante exposition des œuvres de Soutine ouvre à la Valentine Gallery de New York. L’artiste a déjà été exposé à plusieurs reprises dans les galeries américaines depuis 1927.
1937
Le peintre et critique d’art John D. Graham, ami de de Kooning, publie l’essai « Primitive Art and Picasso » dans la revue Magazine of Art. Il y mentionne largement l’oeuvre de Soutine.
1938
Soutine a des maux à l’estomac qui l’empêchent parfois de travailler. Un médecin lui découvre un ulcère.
1942
De Kooning participe à une exposition de groupe, « American and French Paintings », à la McMillen Inc., un cabinet de décoration d’intérieur. Aux côtés de grands noms européens, figurent des artistes américains encore peu connus (Stuart Davis, de Kooning, Virginia Diaz, John D. Graham, Lee Krasner, Jackson Pollock et David Smith).
1943
Le 8 février s’ouvre l’exposition « A Selection of Paintings of the Twentieth Century » à la Bignou Gallery. Sont présentées pour la première fois côte à côte des œuvres de Soutine et de de Kooning.
L’état de santé de Soutine devient alarmant. Début août, il est opéré en urgence à Paris. Il meurt le 9 août à la suite d’une hémorragie interne.
Le 9 décembre, Willem de Kooning épouse Elaine Fried, peintre et critique d’art.
1950
La Sidney Janis Gallery ouvre une exposition intitulée « Challenge and Defy ». Pour la seconde fois, une œuvre de Soutine est exposée aux côtés d’une œuvre de de Kooning.
Une importante rétrospective « Soutine » ouvre au MoMA avant de circuler dans plusieurs villes américaines. Pour beaucoup, c’est l’occasion de découvrir le travail de Soutine. Le retentissement dans la presse est sans précédent.
Le 1er novembre, l’article « The Wandering Soutine » de Jack Tworkov, voisin d’atelier de de Kooning, est publié dans le magazine ARTnews. Il y relie la peinture de Soutine à celle des expressionnistes abstraits.
1952
L’année marque la séparation progressive d’Elaine et de Willem. À l’automne, de Kooning déménage dans un nouveau studio au 88 East 10th Street et entame une relation avec l’artiste Joan Ward.
Le 3 juin, Willem et Elaine bénéficient d’une visite privée à la Barnes Foundation. Ils découvrent les œuvres de Soutine exposées, ainsi que celles de Renoir et Matisse.
1953
La troisième exposition personnelle de de Kooning ouvre à la Sidney Janis Gallery : « Paintings on the Theme of the Woman ». L’exposition n’est pas une réussite commerciale, mais un véritable succès critique. Plusieurs journalistes insistent sur la laideur et la violence de son travail.
1972
En mars, de Kooning termine la maquette de sa première sculpture en bronze de grand format, Clamdigger.
La Sidney Janis Gallery présente une exposition personnelle des œuvres de de Kooning.
1973
Une grande rétrospective Soutine ouvre à la Marlborough Gallery de New York.
À plusieurs reprises dans l’année, de Kooning est hospitalisé, à la suite d’une consommation d’alcool excessive.
1977
De Kooning donne une interview dans le journal Quest et cite Soutine comme une source importante pour son art.
1985
À New York, au Jewish Museum, dans l’exposition « The Circle of Montparnasse. Jewish Artists in Paris, 1905-1945 », l’œuvre de Soutine est présentée aux côtés de ses amis de l’Ecole de Paris.
1987
De Kooning n’a presque plus de mémoire à court terme. Il a des difficultés à écrire et ne peut signer ses œuvres. Il n’arrête pas de peindre pour autant.
1997
Le 19 mars, Willem de Kooning meurt à East Hampton, à l’âge de 92 ans.