SEPIK
Arts de Papouasie - Nouvelle-Guinée

Article publié dans la Lettre n° 388
le 16 novembre 2015


 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

SEPIK. Arts de Papouasie - Nouvelle-Guinée. Le Sepik est un fleuve long de 1 126 km, au nord-est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, déterminant du mode de vie des habitants de sa vallée. Source de richesse pour l’alimentation, moyen de transport, c’est le domaine de la pêche mais aussi des ancêtres. La présente exposition nous montre, avec précision et force panneaux et cartels lisibles et très intéressants, comment vivent ces peuples du Bas et Moyen Sepik, à travers les objets plus ou moins somptueux qu’ils ont réalisés et qui font aujourd’hui la gloire de 18 musées européens ayant prêté les 230 sculptures que l’on peut admirer aujourd’hui. Admirer n’est pas un mot galvaudé car les objets sélectionnés par les deux commissaires et le conseiller scientifique, qui tous trois ont passé plusieurs années dans les villages de cette région, sont parmi les plus beaux qui soient. Les surréalistes, qui les avaient vus dans les années 1920, furent fascinés, y trouvant un univers symbolique proche du leur, merveilleux et complexe.
La vie des habitants de cette région étant organisée autour des villages, la scénographie, très réussie, nous mène à la découverte des divers espaces d’un village, en nous expliquant les différents niveaux d’usage des objets. En effet ceux-ci peuvent varier en fonction des lieux et des groupes auxquels ils appartiennent et le parcours nous révèle progressivement les significations de plus en plus raffinées que les hommes donnent à leurs créations.
Deux immenses pirogues en forme de crocodiles nous accueillent. Tous les habitants, même les enfants, possèdent une pirogue dont l’avant, voire les côtés, sont sculptés. Nous entrons ensuite dans l’espace consacré à la « maison familiale ou maison des femmes » où tous peuvent entrer. Les femmes fabriquent une grande partie des biens échangés : vanneries, sacs en fibre, nasses, poteries. Ces objets présentent souvent des motifs complexes, qui leurs confèrent une valeur économique. Dans les villages, chaque quartier est le terrain d’un clan placé sous l’autorité d’un aîné, le « bigman », qui conserve dans sa maison les objets appartenant à son groupe familial : gourdes à chaux, parures corporelles, armes telles que lances et boucliers. Parmi les pièces les plus spectaculaires, citons les crochets, de formes humaines ou animales, qui servent à suspendre la nourriture ou des biens précieux. Ces crochets nous introduisent dans l’espace de la « maison des hommes et du lieu d’initiation ». Cette maison, construite sur pilotis pour résister aux crues du fleuve, est conçue comme une métaphore du corps d’un ancêtre primordial. Les femmes n’y ont pas accès. C’est un lieu où les hommes discutent des affaires de la communauté et confectionnent des objets destinés à des rituels complexes. L’intérieur est entièrement peint et décoré avec des objets somptueux, aux formes parfois surprenantes, qui illustrent des épisodes mythologiques. C’est dans un enclos, à côté de la maison des hommes, que les jeunes garçons sont initiés. Ils subissent un certain nombre d’épreuves dont la scarification, qui évoque les traces laissées par un crocodile, et apprennent des secrets connus des seuls hommes comme jouer des instruments de musique. Nous voyons ainsi, entre autres, des flûtes en bambou et des tambours à eaux.
Avec « L’ancêtre, grand crocodile », l’exposition se termine par l’évocation des ancêtres fondateurs, avec des objets correspondant à ces moments qui mettent en scène ce pouvoir qu’a chaque homme, chaque femme, chaque enfant, de se transformer en ancêtre, simplement en se parant. Une très belle exposition. Musée du Quai Branly 7e. Jusqu’au 31 janvier 2016.
Lien : www.musee-orsay.fr.


Retour à l'index des expositions

Page d'accueil de « Spectacles Sélection »