MARTIN SCORSESE

Article publié dans la Lettre n° 390
le 21 décembre 2015


 
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MARTIN SCORSESE. Avec, à ce jour, 23 longs métrages de fiction, 8 courts et moyens métrages, neuf documentaires, des films publicitaires, des clips vidéo, un épisode pour une série TV, des participations à toutes sortes de films en tant qu’acteur, il fallait bien une exposition de grande ampleur pour rendre compte de l’œuvre d’un cinéaste parmi les meilleurs de son époque.
Conçue par la Deutsche Kinemathek, la présente exposition est la première consacrée à Martin Scorsese. L’entrée évoque une salle de cinéma dans laquelle des extraits de films sont projetés simultanément sur quatre écrans. Le parcours se déroule en cinq parties, elles-mêmes divisées parfois en plusieurs thèmes. Nous commençons ainsi, avec « De nouveaux héros », par une évocation de la jeunesse du réalisateur dans le quartier de Little Italy, à New York, où sa famille, d’origine sicilienne, s’est installée Cette partie nous renvoie tour à tour à Les Affranchis (1990) pour le thème de la famille, à Mean Streets (1973) ou Ragging Bull (1980) pour les fratries et à Alice n’est plus ici (1974) ou Le Temps de l’innocence (1993) pour les rapports entre hommes et femmes.
Avec « Crucifixion », l’exposition met en exergue les notions de faute, d’expiation et de pardon que l’on retrouve dans maints films de Scorsese et pas seulement dans La Dernière Tentation du Christ (1988), qui provoqua des émeutes un peu partout lors de sa projection. « Au cœur de New York » nous montre l’attraction de cette ville pour Scorsese. C’est sa ville de prédilection, celle où il a tourné son film de fin d’études, Who’s That Knocking at My Door (1967), celle où se situe l’action de Taxi Driver (1976) ou de Gangs of New York (2002).
La quatrième partie décrit ses sources d’inspirations. Scorsese est un très grand cinéphile. Avec des amis cinéastes (Spielberg, Kubrick, Woody Allen, Coppola, Lucas, etc.), il crée en 1990 The Film Foundation, dont la mission est la conservation du patrimoine cinématographique mondial. Très tôt, il se rend compte de la dégradation fulgurante des copies de films en couleurs et demande à Kodak de concevoir des pellicules de meilleure qualité. Lors de la conférence de presse, il indique qu’il a les mêmes inquiétudes avec les films numériques ! Son immense culture cinématographique se manifeste dans deux documentaires : Un voyage avec Martin Scorsese à travers le cinéma américain (1995) et Mon voyage en Italie (1999). Grand admirateur d’Hitchcock, il fait appel pour ses propres films à des personnes ayant collaboré avec le Maître du suspense, tel le compositeur Bernard Hermann (Vertigo, Psychose), le chef décorateur Henry Bumstead ou le créateur de génériques Saul Bass (Casino, 1995).
Dans la dernière partie, « Maestria », nous voyons le réalisateur au travail. Il dessine lui-même ses story-boards, décrivant par le menu, plan par plan, le film à tourner. Il est capable de tourner une scène de deux minutes aussi bien en un seul plan séquence (Les Affranchis, 1990), qu’en 72 coupes (Les Infiltrés, 2006). Ses films se caractérisent par une très grande fluidité grâce à son travail de mise en scène et à l’habileté de ses directeurs de photographie. Le montage revêt une importance toute particulière. Depuis qu’il fit sa connaissance à l’Université, Scorsese travaille essentiellement, pour le montage, avec Thelma Schoonmaker, qui a obtenu trois oscars avec ses films. Cette fidélité à ses collaborateurs se retrouve avec ses acteurs : cinq films avec Frank Sivero, Leonardo DiCaprio et Harvey Keitel et huit films avec Robert De Niro, son double à l’écran.
L’exposition se termine sur le mixage et le rôle prépondérant de la musique dans les films de Scorsese qui n’hésite pas à utiliser de la musique contemporaine (Penderecki, Ligeti) dans ses films. Une exposition passionnante, richement documentée, avec des photos, des affiches, des objets, des costumes, de nombreux souvenirs prêtés par Martin Scorsese, Robert De Niro, Paul Schrader et de grandes institutions cinématographiques et, bien sûr, de très nombreux extraits de films. Cinémathèque française 12e. Jusqu’au 14 février 2016.
Lien: www.cinematheque.fr.


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