RUBENS, VAN DYCK, JORDAENS
et les autres

Article publié dans la Lettre n° 348
du 31 décembre 2012

RUBENS, VAN DYCK, JORDAENS et les autres. Fruit d’un accord de partenariat entre le musée Marmottan Monet et les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, la présente exposition a l’immense mérite de nous faire découvrir, à côté du grand maître Pierre Paul Rubens (1577-1640) et de ses principaux élèves - Antoine van Dyck (1599-1641) et Jacques Jordaens (1593-1678) - des artistes très connus à leur époque mais quasiment oubliés depuis, sauf à Bruxelles, qui compte l’une des collections de peinture baroque flamande parmi les plus importantes d’Europe. Ici, c’est surtout le deuxième tiers du XVIIe siècle, point fort du musée de Bruxelles, qui est à l’honneur avec 41 tableaux.
Le parcours se développe en cinq sections reprenant les grands genres de la peinture du « Grand siècle » : peinture d’histoire, portrait, peinture de genre, paysage, nature morte.
La peinture d’histoire, aux sujets essentiellement religieux, connaît un renouveau suite à la nécessaire restauration des lieux de culte saccagés par quarante ans de guerre de religions, jusqu’en 1598 et la mise en place du gouvernement des archiducs Albert et Isabelle de Habsbourg. Rubens, de retour d’Italie (1608), dont on voit le grandiose Les Miracles de Saint Benoît, tableau resté inachevé, est le grand inspirateur de ce renouveau ainsi que Bertholet Flémal (La Mort de Pyrrhus), davantage tourné vers le classicisme français d’un Charles Le Brun, avec qui il a collaboré. Cinq autres artistes sont représentés dont Karel Philips Spierinck (1600-1639) dont on voit le Silène ivre et endormi, attaché par Eglé et des putti, dernière acquisition du musée, en 2012.
En revanche les six tableaux illustrant « le portrait » sont presque tous de Rubens et de ses élèves. On remarque surtout le Portrait du père Jean Charles della Faille, l’un des plus beaux portraits peints par van Dyck et le Portrait d’une dame âgée peint par Jordaens. Ces portraits d’un nouveau type laissent davantage paraître la psychologie du personnage.
Quatre artistes sont à l’honneur pour illustrer, avec cinq tableaux, la « peinture de genre ». C’est encore un tableau de Jordaens, le fameux Le roi boit, qui attire tous les regards, mais on remarque aussi l’amusant Joyeuse réunion / Singerie de Nicolas van Veerendael (1626-1691) et la Fête villageoise de Gillis van Tilborch (1625-1678).
La section suivante, « Le Paysage », est la plus illustrée, avec treize tableaux. En dehors de Paul Bril (1554-1626), dont on voit Le Port, et de David Teniers le Jeune (1610-1690) avec le Repos à l’ombre, tous les artistes (Lucas van Uden, Frans de Momper, Lodewijk de Vadder, Jacques d’Artois, etc.) sont peu connus en France. Ces peintres s’intéressent avant tout aux campagnes riantes et belles, ou propices à la méditation, mais aussi, comme Wilhelm Schubert von Erhenberg (1630 ou 1637-1676), aux intérieurs d’églises.
Enfin, dix tableaux ont été choisis pour illustrer la nature morte. Là aussi peu de noms connus à part David Teniers le Jeune dont on voit l’extraordinaire L’Archiduc Léopold Guillaume dans sa galerie de peinture italienne, illustrant la façon dont on accrochait les toiles à son époque, et Abraham Brueghel (1631-1697) dont seul le nom est vraiment connu car il descend de cette famille de peintres illustres. Ces tableaux offrent de vives couleurs, des sujets variés (fleurs, fruits, cuisine, gibiers, etc.), y compris des vanités, comme la Vanitas en trompe l’œil de Cornelis Norbertus Gysbrechts. Parmi tous ces tableaux, le plus impressionnant par ses dimensions (117 x 154 cm) et la profusion des objets qu’il représente, est la Nature morte au perroquet d’Adriaen van Utrecht (1599-1652). Cette très belle exposition, bien présentée et documentée, est aussi l’occasion de voir ou de revoir les magnifiques collections permanentes du musée. Musée Marmottan Monet 16e. Jusqu’au 3 février 2013. Pour voir notre sélection de visuels, cliquez ici. Lien : www.marmottan.com.

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